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Darling Légitimus
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Naissance
1907
Décès
1999
Activité
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Comédienne au théâtre et au cinéma, vedette de music-hall, matriarche d’une large famille d’artistes, Darling Légitimus a été l’un des premières stars antillaises en France au 20ème siècle. 

Marie Berthilde Paruta est née le 21 novembre 1907 au Carbet (Martinique). Orpheline à deux ans, elle est élevée par son oncle et sa tante au Vénézuela qu’elle quitte pour Paris, à l’âge de 14 ans, déterminée à provoquer sa chance pour se faire une place dans le monde du spectacle. Pugnace et passionnée, elle parvient à se faire engager à 18 ans dans la troupe de la Revue Nègre, qui connait un succès retentissant à l’époque, avec Joséphine Baker en vedette, qui lui donnera son nom de scène : Darling. 

Dans les coulisses de la revue, elle rencontre celui qui deviendra son mari, Etienne Légitimus, le fils de l’ancien député socialiste antillais Hégésippe Légitimus (fils d’affranchis en 1848 et défenseurs des travailleurs noirs en Guadeloupe), et c’est donc désormais comme « Darling Légitimus » qu’elle se fera connaître. 

Profitant de l’engouement de l’entre-deux-guerres pour « l’Art Nègre » et les artistes dits « exotiques », elle joue également les modèles et inspire de nombreux artistes comme le peintre Pablo Picasso, le sculpteur Paul Belmondo et l’affichiste Paul Colin, qui l’immortalisent régulièrement dans leurs œuvres. 

Autrice, compositrice et interprète de chansons antillaises (biguines et mazurkas), « Miss Darling », comme la surnomme le public, enregistre et se produit au Bal Blomet à Paris aux côtés de musiciens comme Sosso Pé-En-Kin et son orchestre. Elle y rencontre un franc succès, tout en faisant ses débuts au cinéma à partir de 1933. 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle refuse de travailler avec l’occupant et met sa carrière en pause jusqu’à la Libération. Après-guerre sa carrière connait un renouveau, sur le grand et le petit écrans comme sur les planches : au cinéma, elle joue pour les meilleurs réalisateurs dans quelques uns des films les plus influents de l’époque : Henri-Georges Clouzot (Le salaire de la peur), Sacha Guitry (Napoléon), Louis Malle (Le Feu Follet), Bertolucci (Le Dernier Tango à Paris) ; à la télévision, elle est une figure familière des téléspectateurs, sans toutefois éviter le racisme, comme lorsqu’elle joue dans Les verts pâturages, un téléfilm de Claude Santelli et Jean-Christophe Averty qui adapte la Bible en Louisiane avec un casting entièrement noir, dont la programmation le soir du réveillon de Noël 1964 suscite une vague de protestations racistes auprès de l’ORTF. 

Au théâtre, elle se lance avec Sarah Maldoror et Toto Bissainthe dans l’aventure de la troupe des Griots, fondée par le Guadeloupéen Robert Liensol, première compagnie de comédiennes et comédiens noirs en France. Elle participe ainsi à la création des pièces Les Nègres de Jean Genet mis en scène par Roger Blin et La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, et joue notamment Fête à Harlem de Melvin van Peebles, en 1964, et Toussaint Louverture d’Édouard Glissant, en 1977.  

En 1983, elle est couronnée par la Coupe Volpi, le grand prix d’interprétation féminine à la Mostra, le Festival du cinéma de Venise, pour son rôle de Man Tine dans le film Rue Cases-Nègres d’Euzhan Palcy – elle-même lauréate du césar de la meilleure première œuvre – c’est une véritable consécration pour sa carrière cinématographique. Mais Darling Légitimus ne tournait déjà plus depuis plusieurs années lorsque que la jeune Euzahn Palcy lui demanda de jouer dans son adaptation du roman de Joseph Zobel, et sa récompense à Venise marque aussi le point final de sa carrière à l’écran.

Après elle, ce sont désormais ses nombreux enfants (dont Gésip Légitimus, le pionnier de la musique noire à la télévision française) et petits-enfants (dont l’Inconnu Pascal Légitimus) qui vont faire vivre le nom de « Légitimus » au firmament du spectacle français jusqu’à aujourd’hui – sans jamais oublier de rendre hommage à celle qui a ouvert le chemin à des générations d’artistes antillais, qu’elle n’a cessé d’encourager et d’inspirer jusqu’à sa disparition, à 92 ans, le 7 décembre 1999 au Kremlin-Bicêtre. Elle avait reçu l’année précédente la médaille de chevalier de la Légion d’Honneur. 

Pascal Légitimus lui a rendu hommage dans un documentaire sorti en 1996, Darling Légitimus, ma grand-mère, notre doudou.  

Sources d'informations

Quelques films

  • Le Salaire de la peur de Clouzot 
  • Napoléon de Guitry 
  • Feu Follet de Louis Male 
  • Dernier tango à Paris de Bertolucci

Quelques pièces

  • Les Nègres de Jean Genet mis en scène par Roger Blin 
  • La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire 
  • Toussaint Louverture d’Édouard Glissant 

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