L'esclavage dans les manuels et les programmes scolaires : 7 propositions
La loi Taubira du 21 mai 2001 a fait entrer l’esclavage dans les programmes d’histoire comme une page à part entière de notre histoire nationale. Cet élan s’est peu à peu estompé.
Dans le premier degré, l’esclavage et les abolitions occupent une place marginale dans les programmes d’histoire. Au collège, le traitement de l’esclavage colonial en classe de 4ème a gagné en densité et en complexité, et les manuels se sont enrichis par un certain renouvellement des sources et des approches, même si la première abolition reste assez largement ignorée.
Au lycée, tout dépend des filières et des territoires : ainsi, les programmes destinés aux lycéens généraux de l’Hexagone omettent encore l’histoire de la première abolition, du rétablissement de l’esclavage et de la révolution haïtienne, qui sont au contraire abordés avec précision dans les lycées professionnels et les lycées généraux d’outre-mer, grâce aux programmes adaptés pour ces territoires.
Ce n’est ainsi pas la même Histoire de France qui est enseignée à tous les élèves de France lorsqu’il est question de l’esclavage, et, notamment, l’importance du combat pour l’abolition, en métropole et dans les colonies, dans la construction des idées d’égalité et d’universalisme au cœur des valeurs républicaines restera ignorée de la majorité des élèves.
Pour remédier à cette situation, la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage formule sept propositions :
- Mettre à disposition de tous les élèves les mêmes connaissances sur ce pan de notre histoire nationale, sans distinction de filières ni de territoires.
- Intégrer systématiquement l’histoire de Saint-Domingue dans le contexte révolutionnaire en lien avec les valeurs et principes universels de 1789.
- Adopter une terminologie plus précise et des chiffres consolidés concernant les traites et l’esclavage
- Veiller à ce que la question de l’esclavage continue de s’ouvrir à des dimensions autres qu’économiques : conditions de vie des esclaves, révoltes et résistances, héritages culturels
- Mettre en évidence les liens entre esclavage, traite et racisme, à partir de l’étude des législations basées sur la couleur de peau dans les sociétés escalavagistes.
- Resituer l’histoire de l’esclavage et des traites dans l’espace et dans le temps long, depuis l’Antiquité.
- Conduire une enquête globale sur l’enseignement de l’histoire de l’esclavage et des post-esclavages en France en analysant les pratiques de classe
Les auteur.ice.s de la note
Note de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage rédigée dans le cadre du groupe Éducation du Conseil Scientifique de la FME coordonné par Nadia Wainstain, responsable du programme Éducation de la FME, et Benoit Falaize, membre du Conseil Scientifique de la FME et membre-correspondant du Centre d’histoire de Sciences po, avec l’aide de Mima Ferrier.