La double dette d'Haïti (1825-2025)
- une histoire actuelle

Le 11 juillet 1825 : l'ordonnance de S.M. Charles X qui reconnait l'indépendance d'Haïti, est reçue par le Président Boyer.
Recueil Histoire d'Amérique Latine à partir de 1739. Vol. 1, Jean Charles Develly. © BNF

Charles X, roi de France, par Sir Thomas Lawrence, 1825. Waterloo Chamber, Windsor Castle.

L'ordonnance de Charles X,
17 avril 1825, Archives nationales AN//1108/B
Après trois Notes sur des sujets de société, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage publie le 25 mars 2025 sa quatrième Note consacrée à « La double dette d’Haïti (1825-2025) – Une question actuelle », élaborée par son conseil scientifique dans le cadre d’un groupe de travail élargi formé en 2022 après la parution de l’enquête du New York Times sur ce sujet.
A quelques semaines du bicentenaire de l’ordonnance par laquelle, le 17 avril 1825, le roi Charles X a reconnu l’indépendance d’Haïti en imposant à ses habitants le paiement d’une indemnité exorbitante, la Fondation revient sur cet événement inouï dont le caractère injuste n’a jamais été reconnu par la France.
Après avoir rappelé que la colonie française de Saint-Domingue est devenue la république d’Haïti au terme d’une révolution qui a renversé l’esclavage et établi le premier Etat noir moderne, la Note de la FME montre comment, en imposant ce tribut à son ancienne colonie, la France a obligé pendant plus de soixante ans les descendants des anciens esclaves devenus libres à indemniser les ayants-droits de leurs anciens maîtres qu’ils avaient vaincus et chassés de la colonie.
Cette indemnité, qu’Haïti a intégralement payée, a placé le pays sous la domination financière française pendant un siècle, selon un mécanisme précoce d’exploitation néocoloniale. Et c’est au Trésor Public français, et non au peuple haïtien, qu’au début du 20ème siècle la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), gestionnaire de ces opérations pendant 100 ans, a reversé le trop-perçu de l’indemnité.
La FME appelle la France à reconnaître l’injustice unique qu’a constituée cette histoire, qui a déterminé la nature de ses relations avec Haïti pendant près d’un siècle, et l’invite à s’engager dans une démarche réparatrice originale en faveur du peuple haïtien, en association avec le gouvernement haïtien et les sociétés civiles des deux pays.
La note propose plusieurs pistes d’actions allant dans ce sens, au niveau français comme au niveau bilatéral. Ces propositions s’inscrivent dans l’esprit du message du Secrétaire Général de l’ONU António Guterres à l’occasion de la Journée internationale du 25 mars : « Reconnaître le passé. Réparer le présent. Construire un avenir de dignité et de justice. »

Le Marron inconnu, Port-au-Prince, 2012 © Kristina Just
Insurrection des esclaves noirs de Saint-Domingue contre les colons blancs,
le 22 août 1791.
71e tableau, planche 5 de la Galerie Historique ou Tableaux des événements de la Révolution française (1795-1799), Jacowick, G., graveur Maillart, Philippe Joseph (Bruxelles, 1764 - Ixelles, 23-04-1856), graveur Lorent ou Laurent, Jean-François (Bruxelles, en 1773), dessinateur Chateigner, éditeur. © Musée Carnavalet