Napoléon colonial : 1802, le rétablissement de l'esclavage

 Bonaparte, Premier consul,
Antoine-Jean Gros, 1802,
Musée de la Légion d'honneur

En 1799, la France est une puissance coloniale, mais une puissance reconfigurée par la guerre avec les Britanniques et le soulèvement des esclaves qui aboutissent à l’abolition de l’esclavage en 1794. Bonaparte qui a une ambition coloniale veut reprendre en main les colonies antillaises et mettre au pas Toussaint Louverture, le chef militaire noir de Saint-Domingue. Il envoie fin 1801 une expédition à Saint-Domingue. Toussaint est arrêté et déporté.

En France, les colons, pour qui « point d’esclavage, point de colonies » sont influents dans l’entourage du Premier consul. Peu sujet aux scrupules des « philosophes », Bonaparte opte, par la loi du 20 mai 1802, pour le maintien de l’esclavage là où il n’a pas été aboli : en Martinique, rendue par les Anglais, ainsi que dans l’océan Indien, où les colons ont refusé le décret de 1794.

En Guadeloupe, l’esclavage aboli en 1794 est rétabli par les armes, malgré la résistance des officiers antillais Ignace et Delgrès, et par un arrêté consulaire du 16 juillet 1802. Cette mesure sera aussi appliquée en Guyane. 

C’est la seule fois dans l'histoire d'un pays rétablit l'esclavage après l'avoir aboli, et même renforce une législation ségrégationniste.

À Saint-Domingue, les anciens lieutenants de Toussaint viennent à bout du corps expéditionnaire qui capitule en novembre 1803. Naît ainsi, le 1er janvier 1804, le premier Etat noir décolonisé, sous le nom d’Haïti. Napoléon tire un trait sur son « rêve américain ». En Guyane, en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion, l’esclavage restera en vigueur jusqu’à son abolition définitive en 1848.

Combat et prise de la Crêteà-Pierrot (4 - 24 mars1802) ,
Gravure sur bois originale dessinée par Auguste Raffet, gravée par Hébert

« L’angle facial des espèces »
Duhamel, in Julien-Joseph Virey, Histoire naturelle du genre humain, Paris, 1801, t. 2., Bibliothèque interuniversitaire de médecine

Les auteurs de la note

Cette note a été élaborée par des membres du Conseil Scientifique de la FME. Composé de 40 experts sous la présidence de Romuald Fonkoua, le Conseil Scientifique apporte son expertise à l’équipe de la Fondation pour la production et la diffusion des savoirs sur l’esclavage et ses héritages. 

Marcel Dorigny
Historien, professeur émérite Université Paris VIII

Bernard Gainot
Historien, maître de conférences en histoire moderne
Université Panthéon-Sorbonne Paris 1

Malick Ghachem
Avocat, professeur associé d'histoire
MIT (Cambridge, Massachusetts, États-Unis)

Frédéric Régent
maître de conférences en Histoire
Université Panthéon-Sorbonne Paris 1