NOTRE HISTOIRE
La création de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage s’inscrit dans le long chemin de la reconnaissance par la France de son passé colonial.
Dès les années 1960, un mouvement populaire se développe dans les outre-mer pour faire reconnaître la mémoire des esclaves et de leurs descendants. Porté par les artistes et les intellectuels, soutenu par les collectivités locales, relayé par des initiatives internationales telles que la Route de l’Esclave de l’UNESCO, il a pris une ampleur nationale avec la marche du 23 mai 1998 et le vote, le 10 mai 2001, de la proposition de loi de Christiane Taubira par laquelle la France a reconnu la traite et l’esclavage coloniaux comme crime contre l’humanité.
La France a alors inscrit l’histoire de l’esclavage dans les programmes scolaires, elle a mis en place deux journées nationales du souvenir, les 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, et 23 mai, journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, et elle s'est dotée d’un comité national formé de personnalités du monde de la recherche, de la culture et de la société civile, le Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE), afin de coordonner l’effort de transmission de la connaissance de cette histoire.
Présidé successivement par Maryse Condé (2004-2008), Françoise Vergès (2008-2012), Myriam Cottias (2013-2016) et Frédéric Régent (2016-2019), le CNMHE a contribué à l’organisation des journées nationales du mois de mai, au recensement des œuvres liées à l’esclavage dans l’inventaire des musées et institutions patrimoniales françaises, à la mise en place en 2015 du Mois des Mémoires et du concours scolaire de la Flamme de l’Egalité, à la remise chaque année d’un prix de thèse récompensant les meilleurs travaux sur l’esclavage.
En 2006, le Président de la République Jacques Chirac a demandé au poète Edouard Glissant de réfléchir à la création d’une institution autonome dédiée à cette mémoire. Son rapport, remis au Premier ministre Dominique de Villepin en 2007, proposait la création d’un Centre des Mémoires de l’Esclavage. Ce projet, initialement resté sans suite, est relancé en 2016 lorsque le Président de la République François Hollande confie à Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin, une mission de préfiguration visant à transformer le CNMHE en une fondation reconnue d’utilité publique.
Dans son rapport, Lionel Zinsou préconise la création dans ce but d’un groupement d’intérêt public, qui est mis en place en mai 2017. Présidé par Jean-Marc Ayrault, le GIP-Mission pour la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions (GIP-MMETA) travaille pendant deux ans à la mise en place de la Fondation, qui est reconnue d’utilité publique le 12 novembre 2019 par le ministre de l’intérieur, après avis favorable du Conseil d’Etat.
Le 13 novembre 2019, le conseil d’administration de la Fondation est installé et porte à sa présidence Jean-Marc Ayrault.
Avec le Mémorial ACTe, centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite et de l'esclavage, inauguré en 2015 et que le Président de la République Emmanuel Macron a érigé en musée national de l’esclavage, la Fondation marque ainsi une nouvelle étape dans ce mouvement de reconnaissance par la France de cette part de son passé.
La Fondation a son siège à l’Hôtel de la Marine, lieu du bureau de Victor Schoelcher en 1848 à l'abolition, à quelques mètres du Jardin des Tuileries devrait être inauguré en le Mémorial national aux victimes de l’esclavage dont le Président de la République a annoncé la création le 27 avril 2018.