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Sarah Maldoror
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Genre
Femme
Naissance
1929
Décès
2020
Activité
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Sarah Maldoror est une réalisatrice du cinéma décolonial, qui inventa des images à la beauté convulsive pour défendre ses idées avec une trentaine de films.

Née Sarah Ducados le 19 juillet 1929 à Condom dans le Gers, d’un père guadeloupéen et d’une mère gersoise. Elle choisit son nom d’artiste en référence aux Chants de Maldoror du poète Lautréamont, dont la poésie novatrice et flamboyante influencera grandement les surréalistes.

La jeune artiste commence par le théâtre. En 1956, elle fonde la troupe Les Griots, avec la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe, l’Ivoirien Timité Bassori et le Sénégalais Ababacar Samb, avec pour objectif d’"en finir avec les rôles de servante" et de "faire connaître les artistes et écrivains noirs". Ils jouent notamment Les nègres de Jean Genet, mis en scène par Roger Blin, puis La tragédie du Roi Christophe d’Aimé Césaire, mis en scène par Jean-Marie Serreau.

En 1961, Sarah Maldoror se tourne finalement vers le cinéma, grâce à une bourse de l’Union Soviétique qui lui permet d’aller étudier à Moscou. C’est à Alger, dans l’Algérie nouvellement indépendante, qu’elle débute dans le métier de cinéaste, en tant qu’assistante à la réalisation de Gillo Pontecorvo pour son film anticolonialiste (longtemps interdit en France) La bataille d’Alger, puis du documentariste William Klein pour son film Festival panafricain d'Alger en 1969.

En 1968, elle signe son premier film, le court-métrage Monangambé, qui montre la captivité d’un prisonnier anticolonialiste angolais, sur une musique de l’Art Ensemble of Chicago, et qui lui vaudra notamment le prix du meilleur réalisateur au Festival de Carthage en Tunisie.
En 1972, elle tourne Sambizanga, adapté d’un roman de l’auteur angolais José Luandino Vieiran, qui reprend le thème de Monangambé en évoquant le combat de la femme d’un militant anticolonialiste angolais emprisonné et torturé à mort. Célébré comme un chef d’œuvre à sa sortie, le film est aujourd’hui considéré comme un classique du cinéma africain.

La vie de Sarah Maldoror ressemble beaucoup à celle de l’héroïne de Sambizanga. Comme elle, son mari, Mario de Andrage, poète et homme politique angolais fondateur du Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA), est recherché par Interpol à l’époque. Seule, sans revenu et avec deux filles à charge, elle survit à Paris grâce à l’aide de ses amis et c’est là qu’elle obtient l’avance sur recettes pour réaliser son film au Congo.

Cinéaste militante, entière et exigeante, Sarah Maldoror construit une œuvre de combat, poétique et profondément originale. Malgré les résistances des producteurs et la difficulté pour trouver comment financer ses projets, elle parviendra à réaliser une trentaine de films, fictions, documentaires, portraits (Aimé Césaire, Miro, Léon-Gontran Damas…), qui portent tous la marque de sa personnalité incandescente, à l’image du pseudonyme qu’elle s’est très tôt choisi.

Son ami le poète Aimé Césaire lui écrira ces mots : « A Sarah Maldoror… qui, caméra au poing, combat l’oppression, l’aliénation et défie la connerie humaine ».

Décédée à Paris le 13 avril 2020 des suites du coronavirus, elle est aujourd’hui honorée par le Palais de Tokyo qui lui consacre en début 2022 une exposition intitulée Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental.

Sources d'informations

Pour mieux la connaître :

http://www.lematrimoine.fr/sarah-maldoror/

Le texte de ses filles sur Africulture

Podcast sur Sarah Maldoror. Emission La marche du monde sur RFI.

Exposition Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental, au Palais de Tokyo en 2022.

Article de Libération à propos de l’exposition actuelle au Palais de Tokyo : https://www.liberation.fr/.../sarah-maldoror-droit-aux.../

Films de Sarah Maldoror

- Aimé Césaire: Le Masque Des Mots (1987)

- Sambizanga (1972)

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