Communiqué de presse
Message de Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage
suite aux déclarations de Johnny Payet, maire de la Plaine-des-Palmistes à La Réunion
La Fondation pour la mémoire de l’esclavage condamne les déclarations de Johnny Payet, maire de la Plaine-des-Palmistes à La Réunion, qui a déclaré ce matin 18 juin 2024 qu’il ne fallait « plus parler de l’esclavage », et qu’il se refusait à célébrer le 20 décembre, fête de l’abolition à La Réunion.
Pendant deux siècles, l’esclavage colonial a été la réalité de l’île de La Réunion et le cœur d’un système économique inhumain qui a perduré après l’abolition le 20 décembre 1848 sous la forme de l’engagisme. La société réunionnaise contemporaine est l’héritière de ce passé d’exploitation, comme du souvenir des résistances que ce système a toujours suscitées.
Ne pas parler de l’esclavage à La Réunion n’a aucun sens puisque cela reviendrait à nier l’histoire même de ce territoire, et les origines d’une bonne partie de la population qui y réside. Il est inquiétant d’entendre ainsi une personnalité publique promouvoir l’ignorance au lieu de la connaissance.
Il est également choquant d’entendre un élu revendiquer la non-application du droit de la République, en l’occurrence la loi du 30 juin 1983 qui a fait du 20 décembre un jour férié à La Réunion. Chaque année, la FetKaf rassemble la population réunionnaise.
L’esclavage colonial est une page essentielle de l’histoire de la France, outre-mer comme dans l’Hexagone. Reconnaître ce passé est une réparation que la République doit aux quatre millions de victimes de l’esclavage colonial française et à leurs descendants. Transmettre la mémoire des combats pour l’abolition nous rappelle combien ces combats ont nourri les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité, et combien les combats d’aujourd’hui pour faire vivre ces valeurs sont vitaux dans notre démocratie.