Le court-métrage "Ici s’achève le monde connu" réalisé par Anne-Sophie Nanki et soutenu par la FME dans le cadre de son appel à projets Culture ne cesse d’être récompensé dans les festivals où il est présenté depuis le mois d’août 2022.
Ce film de 24 minutes se déroule en 1645 sur l’île de la Guadeloupe, et raconte l’histoire de la rencontre entre Ibátali, une femme indigène Kalinago enceinte d’un colon français, et Olaudah, un captif africain en fuite, qui l’a aidée à accoucher dans la forêt. Les deux êtres unissent alors leurs destins pour un voyage à travers la nature luxuriante où ils vont se découvrir solidaires face au destin auquel le pouvoir colonial veut les assigner : une « Sauvage » à exterminer, un « nègre » à esclavagiser, et avec elle et lui, un bébé métis pris entre les deux mondes antagonistes de ses parents.
Le film est tourné entièrement en langues bushininge (les Bushininge sont en Guyane et au Surinam les populations issues des marrons qui se sont établis en communautés autonomes dans la forêt, dès le 17ème siècle), le sranan tongo pour Lorianne Alamijawari, qui joue Ibátali, et l’aluku tongo pour Christian Tafanier, qui joue Olaudah, une manière de contourner la question du langage dans un film censé se passer en 1645, tout en reliant l’histoire des deux personnages à celle, toujours en cours, du marronnage et de ses héritages dans les Caraïbes.
Anne-Sophie Nanki explique ainsi son intention : « J’ai écrit cette histoire pour porter un regard différent sur les premiers temps de la présence françaises aux Antilles, en proposer un contre-récit méconnu. En Guadeloupe, dont je suis originaire, les Kalinagos, nation indigène qui peuplait les Petites Antilles, ont disparu. Exterminés. J’ai voulu me pencher sur le sort de ces oubliés, raconter les conséquences de la colonisation et de l’esclavage dans l’intimité de la chair, des affects, des subjectivités, des familles aussi, avec une attention particulière portée aux corps des femmes, entravés, violés, mutilés vivants, marchandés. »
Présenté dans de nombreux festivals depuis l’année dernière, le film a déjà recueilli de nombreuses récompenses :
- Rhodes Island Grand Prize - Best Director
- TTFF Trinidad and Tobago Film Festival - Honorable mention of the jury
- Festival Court Derrière, La Réunion - Prix Makandal -jury lycéen
- Cinéstar International Film Festival - Prix du Jury & Prix du meilleur court-métrage
- Cinémartinique - Prix Révélation Canal Plus & Prix du Jury, court-métrage
- Festival Monde en Vues - Prix du Jury Lycéens & Prix de la Fiction Air Caraïbes & Grand Prix Alliance Ciné Caraïbes
- FIFP Festival international du film panafricain de Cannes - Prix du meilleur court-métrage fiction
- Prix Unifrance International
Le film devrait être programmé l’année prochaine sur les antennes de France Télévisions, qui l’a co-produit avec la région Guadeloupe et le CNC.