Edmond Albius a à peine douze ans lorsqu’il révolutionne la culture de la vanille dans le monde. Il naît sur l’île de la Réunion (alors île Bourbon) à Sainte-Suzanne le 9 août 1829. Orphelin très tôt, réduit en esclavage, il est initié aux techniques de l’horticulture et de la botanique par son maître Ferréol Bellier Beaumont.
En 1841, il découvre comment féconder la vanille, à la main et sans insecte pollinisateur, en s'inspirant d'une technique appliquée aux citrouilles jolifiat : le procédé permet d'enfin envisager une culture de masse de cette plante fragile, de la famille des orchidées. De quelques plants fécondés avant la découverte d'Edmond, la Réunion passe à une production d'une tonne/an environ entre 1850 et 1860, puis à près de 15 tonnes annuelles dans la décennie suivante, et à 60 tonnes annuelles au début des années 1880. ¨Pendant un temps, l'île sera même le premier producteur mondial. La vanille est sur toutes les tables du monde occidental et devient un ingrédient recherché des mets dont raffolent les puissants. Des fortunes se créent.
L’Île est métamorphosée. Mais Edmond Albius ne tirera jamais aucun profit de sa découverte. Réduit à son statut d’esclave et d’enfant, il est même dépossédé de sa découverte par des ambitieux qui en revendiquent la paternité. Le doute persiste pendant des dizaines d’années. Devenu libre en 1848 suite à l’abolition de l’esclavage, il prend le nom d’Albius en référence au mot latin “alba” qui signifie blanc et qui rappelle la couleur de la fleur de vanille.
Pauvre et sans éducation comme l’immense majorité des nouveaux libres, il occupe plusieurs emplois subalternes, séjourne même quelques temps en prison, et meurt, sans fortune et sans gloire, le 9 août 1880. Les écrits de son ancien maître, Ferréol Bellier Beaumont, confirment pourtant que le doute n’est pas permis : c'est bien Edmond Albius qui a inventé, à force de curiosité et d’observation de la nature, la technique de pollinisation manuelle de la vanille, un savoir-faire encore utilisé aujourd’hui à travers le monde entier.
Alors que c'est grâce à lui si les armoiries de La Réunion sont ornées d'une liane de vanille, ce n'est qu'en 1980 que sa ville natale Sainte-Suzanne lui a dédié une plaque. Depuis le 10 mai 2004, il y est honoré avec une statue, pour remercier l'enfant du pays qui a fait de La Réunion l'île de la vanille ; et dans la ville de Le Port, des élèves de l'âge d'Edmond Albius au moment de sa découverte fréquentent désormais un collège qui porte son nom.
Sources d'informations
- Le Musée de Villèle et les Archives départementales de La Réunion ont consacré à Edmond Albius une belle et très complète exposition, avec de nombreuses archives
- L'histoire d'Edmond Albius, dans Le Journal de La Réunion
- Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Albius, Gaëlle Belem, Roman
- La vraie couleur de la vanille, Sophie Chérer, Roman jeunesse
- Le scientifique noir, court-métrage animé de Mickaël Joron.
- Edmond Albius, l’esclave prodige, film documentaire, Réalisateur : Jim Damour. RFO/ARTE.