Du 14 au 17 octobre 2025, a eu lieu pendant quatre jours la conférence internationale AfroMadrid 2025 au Musée Reina Sofia de Madrid, en Espagne.
Le thème de l'événement portait sur : “Les Afro-descendants, une force pour le changement social – Reconnaissance et justice réparatrice”.
Aïssata Seck, directrice de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, était présente à l'événement AfroMadrid 2025 et a pris la parole dans le cadre du panel 6 intitulé "Défis et stratégies des femmes d'ascendance africaine".
Elle participait aux cotés de :
- Nicole NDONGALA – Directrice générale de l’Association Karibu,
- Elena GARCÍA GARCÍA – Militante afro-féministe et antiraciste. Membre de l’Institut madrilène d’anthropologie et collaboratrice du Musée national d’anthropologie,
- Antonina CUPÉ – Traductrice et journaliste spécialisée en culture. Responsable de la communication à la Fondation Women for Africa, et
- ROSA NEGRA – Éducatrice populaire, coordinatrice nationale du Mouvement Noir Unifié (MNU).
L'objectif de ce panel était de renforcer l’agenda politique, économique, identitaire et spirituel des femmes d’ascendance africaine à travers la reconnaissance de leurs défis structurels, la construction collective de stratégies transformatrices et la promotion d’une gouvernance mondiale afrocentrique et féministe.
Le public était constitué d’afrodescendants vivant en Espagne, ainsi que d'élus, de personnalités politiques, d'institutions culturelles et d'associations.
Les débats s’articulaient autour de quatre axes thématiques :
Axe 1 : Participation politique, leadership et nouvelles subjectivités afro-descendantes
- Sous-représentation, racisme institutionnel et surveillance racialisée : formation politique, obstacles qui limitent la participation des femmes afro, renforcés par des mécanismes de contrôle, de critique constante et de délégitimation — même dans les espaces de pouvoir déjà conquis.
- Nouvelles subjectivités et leadership afro-féministes : dirigeantes qui défient les structures traditionnelles du pouvoir, élargissant l’identité, la pensée et l’agenda afro comme actes de résistance et de revalorisation de l’humanité.
- Alliances stratégiques et féminisme afrocentré : construction de liens avec des hommes alliés, de nouvelles masculinités et de dialogues intergénérationnels et intersectionnels comme moteurs de transformation et de changement politico-social, dans le cadre d’un afro-féminisme comme résistance et rehumanisation.
Axe 2 : Justice économique, autonomie financière et durabilité de la vie
- Inégalités structurelles et durabilité économique : écarts d’accès à un emploi décent, à la propriété et à un salaire équitable ; besoin d’éducation, de littératie financière et de planification intergénérationnelle pour l’autonomie personnelle et communautaire.
- Entrepreneuriat afro et économie solidaire : stratégies communautaires promouvant l’autonomie à travers des pratiques ancestrales et des réseaux locaux de soutien.
- Migration, maternité et économie du soin : effets émotionnels et économiques du déplacement sur les femmes afro migrantes ; charge disproportionnée pesant sur les femmes, notamment les mères célibataires, au sein d’une économie du soin souvent invisible mais essentielle à la vie dans un contexte d’exclusion structurelle.
Axe 3 : Santé intégrale, savoirs ancestraux et guérison collective
- Accès inégal à la santé physique et émotionnelle : forte prévalence de maladies chroniques et héréditaires telles que la drépanocytose, entraînant des complications obstétriques et une mortalité maternelle accrue, aggravées par le stress, l’anxiété et la dépression liés au racisme structurel.
- Savoirs et spiritualité ancestraux : guérison afro et spiritualité, pratiques de médecine traditionnelle et de sages-femmes — formes de résistance, de mémoire et de soutien vital.
- Femmes afro-descendantes âgées : reconnaissance en tant que détentrices de savoirs subissant des exclusions multiples et nécessitant des soins spécifiques et dignes.
Axe 4 : Alliances transnationales, pensée résiliente et production de savoirs
- Réseaux et activisme transnational : afro-féminismes dans la participation et le dialogue mondiaux ; usage stratégique de l’activisme numérique pour articuler les mouvements et amplifier les voix.
- Pensée résiliente et radicalisme panafricain : la résilience comme stratégie politique et le radicalisme comme retour aux racines.
- Production de nos propres savoirs : récits créés par les femmes afro pour le monde.
- La diaspora africaine comme pont : identités partagées renforçant la lutte pour la justice et la dignité.