En bref
Prévu à l'origine, au XVIIIème siècle, pour être une église, ce monument a depuis la Révolution française vocation à honorer de grands personnages ayant marqué l'Histoire de France, à l'exception des militaires généralement honorés au Panthéon militaire des Invalides. Si de célèbres abolitionnistes, comme l'Abbé Grégoire, Condorcet, Diderot y sont présents dès le XIXème siècle, c'est au XXème, et même au XXIème siècle que des personnalités spécifiquement identifiées pour leur contribution à la lutte contre l'esclavage entrent au Panthéon.
Historique
Par son ampleur, par ses conséquences, par l’importance des combats qu’il a suscités, l’esclavage colonial est une page essentielle de l’Histoire de France.
Le Panthéon est le réceptacle de cette mémoire multiple. La République y honore les artisans de l’abolition et leurs héritiers, qui ont continué le combat pour la liberté, l’égalité et la fraternité. On y trouve ainsi de grandes figures issues des outre-mer comme de l’hexagone, des artistes et des militantes, des hommes d’Etat et des révoltés, des Blancs et des Noirs. De la Première à la Cinquième République, de l’Hexagone aux rives du Maroni ou aux contreforts du Piton de la Fournaise, c’est ainsi l’histoire de la République, mais aussi de la diversité française et notamment de la présence des Afro-descendants dans le récit national.
Sont honorés le combat contre la traite avant la Révolution (à travers l’action de la Société des Amis des Noirs (SAN), société de pensée fondée en 1788 et matrice de tous les clubs révolutionnaires), l’abolition par la Première République et les révoltes contre le rétablissement de l’esclavage et la colonisation aux grandes et aux petites Antilles. On retrouve ainsi :
Victor Schoelcher, républicain et auteur de décret de l'abolition de l'esclavage sur les territoires français de 1848, voit ses cendres transférées au Panthéon en même temps que celles de Félix Eboué, petit-fils d’un couple né dans l’esclavage et partisan de De Gaulle pour une France Libre face au régime de Vichy. Leur panthéonisation s'effectue le 20 mai 1949, un siècle après l'établissement du décret. Félix Eboué est par ailleurs le premier homme noir présent au Panthéon.
René Cassin, partisan de la France Libre, père de la déclaration universelle des droits de l’Homme dont l’article 4 prohibe l’esclavage, est inhumé au Panthéon le 5 octobre 1987.
L'Abbé Grégoire, membre de la SAN, est un fervent défenseur des Droits de l'Homme et l'initiateur de l’Article Premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Nicolas de Condorcet, membre de la SAN, s'engage pour les droits de l'Homme et notamment des minorités (à l'époque, ceux des femmes, des Juifs et des Noirs), aspirant à réformer la justice.
Ils sont tous deux panthéonisés le 12 décembre 1989, à l'occasion du bicentenaire de la Révolution française à laquelle ils prirent activement part.
Le 27 avril 1998, lors des 150 ans du décret de l'abolition de l'esclavage, une inscription à Louis Delgrès, officier mulâtre mort en 1802 en rébellion contre le rétablissement de l’esclavage, et une autre à Toussaint Louverture, père de l’indépendance haïtienne, mort en exil en 1803 au Fort de Joux (Doubs), prennent place dans la crypte.
Alexandre Dumas, fils du général Dumas, petit-fils d’une femme réduite en esclavage, est panthéonisé le 3 octobre 2002.
Le 6 avril 2011, une inscription est dévoilée en l'honneur d'Aimé Césaire. Poète et homme politique martiniquais, on lui doit de nombreux ouvrages dont ceux théorisant la "négritude", mouvement fondé sur la révolte et la quête identitaire des peuples anciennement colonisés.
Joséphine Baker, artiste afro-américaine et d'origine amérindienne, espionne pour la France Libre dans les années 1940, s'est battue toute sa vie contre le racisme et les discriminations, dont elle était notamment victime aux Etats-Unis. Elle est panthéonisée le 30 novembre 2021, même jour que sa naturalisation française. Il s'agit de la première femme noire inhumé au Panthéon.
Mémoire
Des hommages continuent à être rendus à ces grandes figures de l'histoire de l'esclavage et de ses héritages.
Le 21 mai 1981, l'ancien Président de la République, François Mitterrand, dépose une rose sur le tombeau de Victor Schoelcher.
Le 7 avril 2023, la Fondation pour la mémoire de l'esclavage et la Région Île-de-France organise une cérémonie hommage à Toussaint Louverture, à l'occasion des 220 ans de sa mort.
Source d'information
- FME