Henri Jean-Baptiste Grégoire, dit l'Abbé Grégoire
Né le 4 décembre 1750 à Vého (Meurthe et Moselle) et mort le 28 mai 1831 à Paris, Henri Jean-Baptiste Grégoire (« l’Abbé Grégoire ») est un prêtre catholique qui fut une figure majeure du mouvement abolitionniste mondial.
Principalement connu pour son rôle dans la Révolution française, il s’est engagé plus largement pour les droits de tous les Hommes, quelle que soit leur religion ou leur origine. Issu d’une famille modeste, il grandit dans la foi catholique. Studieux et intelligent, il poursuit son éducation religieuse au collège des jésuites de Nancy et au grand séminaire de Metz. Il est par la suite ordonné prêtre en 1776 et curé d'Emberménil en 1782. Il lit les Philosophes des Lumières, dont il associera l’esprit à sa foi catholique après avoir surmonté une grave crise de doute.
En 1789, il est député du clergé aux États généraux mais plaide pour que le clergé renonce à tout privilège et rejoint le Tiers État quand il se proclame Assemblée nationale. Il est l’initiateur de l’Article Premier de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Père de la Constitution Civile du Clergé, il jure fidélité à l’Eglise constitutionnelle de France, devient évêque constitutionnel de Blois et ne reniera jamais son serment. Au nom de la tolérance religieuse, il est l’un des artisans du décret du 27 septembre 1791 qui donnera la citoyenneté aux Français juifs. Grand défenseur de l’instruction et de la connaissance, il aide à fonder le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et invente le mot « vandalisme » pour dénoncer la destruction des biens du patrimoine sous la Révolution et poser les bases de la conservation des monuments historiques.
Toute sa vie il a été un opposant ardent à l’esclavage. Le 9 décembre 1789, Grégoire adresse à l’Assemblée son Mémoire en faveur « des gens de couleur et de sang-mêlé de Saint-Domingue et des autres îles françaises de l’Amérique » et plaide pour leurs droits et leurs libertés, et poursuit son combat au sein de la Société des Amis des Noirs, la principale association abolitionniste française. Le 27 juillet 1793, il fera supprimer la prime royale versée aux négriers pour encourager la traite des Noirs, aide de l’Etat qui a largement contribué au développement du commerce esclavagiste, avant d’insister, en tant que membre de la Convention nationale, pour que soit employé le terme même d’esclavage dans le décret d’abolition du 4 février 1794, pour que son sens ne puisse être détourné par ses détracteurs.
Son combat ne s’arrête pas là. Sous le Directoire, il entretient une correspondance avec Toussaint Louverture pour lui apporter son aide. En mai 1802, devenu sénateur, il sera l'un des seul membres de cette assemblée à voter contre le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte. Il restera très lié à Haïti où il est célébré comme un ami de la première république noire de l’Histoire. Il échangeait également avec les partisans de l’abolition dans le monde entier, et tenta de convaincre le président Jefferson, qu’il connaissait, d’abolir l’esclavage aux Etats-Unis.
Ce républicain à la « tête de fer » (d’après Michelet) fut un opposant résolu à Napoléon, dès le Consulat et tout le long de l’Empire. Au Sénat, il ne cessa de s’opposer publiquement aux agissements de celui qu’il appelait « l’incorrigible », votant contre la proclamation de l'Empire et le rétablissement des titres nobiliaires.
Il disparaît le 28 mai 1831 à Paris, et est enterré sans les honneurs de l’Eglise ni des autorités civiles, mais accompagné de plusieurs milliers de Parisiens. Ses cendres seront transférées au Panthéon, avec celles de Condorcet, dans le cadre des commémorations du Bicentenaire de la Révolution. Hostile à la constitution civile du clergé défendue par l'Abbé Grégoire, l’Eglise de France ne sera pas représentée à la cérémonie.
Un musée lui est dédié à Emberménil, ville où il a été curé. Une exposition lui est aussi consacrée au CNAM, qu’il a fondé en 1794, à l‘occasion du 270ème anniversaire de sa naissance.
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Sources d'informations
En savoir plus :
La page du site du Pôle Mémoriel du Grand-Est consacrée à l’Abbé Grégoire
L’Abbé Grégoire sur le site du CNAM
Retour sur la première abolition de 1794
Hommage de Gaston Monnerville à l’Abbé Grégoire (1981)
Bibliographie en ligne de l’Abbé Grégoire :