France

En bref

Le 10 mai 2007, à l'occasion de la commémoration de l'abolition de l'esclavage et de la traite négrière, une statue rendant hommage à la Mulâtresse Solitude est érigée à Bagneux (Hauts-de-Seine).

Créateur de l'œuvre Nicolas Alquin

Historique

Cette œuvre, composée de trois totems est, conformément à la volonté de la ville "un hommage de reconnaissance aux victimes et aux résistants de la traite négrière et de l’esclavage" réalisée par le sculpteur Nicolas Alquin.

Deux des totems sont en bois d'Iroko, d'un arbre abattu selon une cérémonie rituelle dans le village de Béoua (Côte d'Ivoire), par la suite goudronnés et évidés pour prendre l'allure d'un corps de femme. Le troisième totem, en fonte de fer, rappelant les chaînes des esclaves, représente en creux Solitude.

Solitude

Solitude est la fille d’un colon et d’une esclave née aux environs de 1772. Elle-même réduite en servitude, elle est libérée par la première abolition en 1794.
Lorsque Bonaparte rétablit l’esclavage en 1802, elle rallie une communauté marronne située à Goyave en Guadeloupe. Celle-ci est dirigée par un chef marron, Moudongue Sanga.
Elle s'illustre lors de la bataille du 8 mai 1802 contre les troupes du général français Richepance (1770-1802) aux côtés des troupes armées de Louis Delgrès.
Contrairement à Louis Delgrès et à ses compagnons d’arme, elle est capturée et condamnée à mort.
Enceinte, la "mulâtresse“ Solitude est exécutée par pendaison le 29 novembre 1802 au lendemain de son accouchement.

Madame George Pau Langevin, ministre des Outre-mer, a inauguré le 24 octobre 2014, en présence de Simone Schwartz-Bart, auteure du roman qui fait revivre Solitude, une salle de réunion « Mulâtresse Solitude » dans l'enceinte du ministère des Outre-mer. La ministre a rappelé son action passée pour débaptiser la rue du général Richepance, bourreau de la Mulâtresse Solitude, elle, la vraie combattante pour l’idéal républicain, elle, la résistante noire, la femme « doubout » en créole. La comédienne Marie-Noëlle Euzèbe a donné une lecture vibrante prêtant sa voix à l’héroïne, tour à tour enfant esclave, femme libre en lutte contre l’esclavage,
puis suppliciée au lendemain d’un accouchement en captivité.

Mémoire

Bagneux est jumelée avec la ville de Grand-Bourg, sur l’île de Marie-Galante, l'une des îles composant l'archipel guadeloupéen et la région administrative Guadeloupe. Son maire était d'ailleurs présent à l'inauguration.

Le square Victor Schoelcher, dans lequel se situe le monument hommage à Solitude, est la scène de la commémoration nationale du 10 mai à Bagneux. Des gerbes sont déposées sur la stèle à Victor Schoelcher avant une lecture de textes de grands abolitionnistes devant le monument.

La présence des personnes mises en esclavage dans la statuaire publique est croissante à partir de la fin des années 1990. En particulier, les nègres marrons sont mis à l'honneur en portant un message encore peu véhiculé dans l'histoire française : les esclaves sont eux aussi à l'origine de leur liberté, à travers les combats et luttes qu'ils ont menés. On retrouve ainsi des œuvres commémoratives - conceptuelles ou figuratives - qui représentent des marrons, qu'ils soient anonymes ou bien identifiés, tels que SolitudeLouis Delgrès, Joseph Ignace, HévaFlore Bois Gaillard, etc.

Source d'information

  • FME
  • Lalouette, Jacqueline. Les statues de la discorde. Passés composés / Humensis, 2021.

Biographies associées

Situation

48.7895398, 2.3140389