Maryse Liliane Appoline Boucolon

Née en Guadeloupe en 1934, Maryse Condé est une journaliste, professeure de littérature et écrivaine de renommée mondiale. Elle a travaillé comme journaliste culturelle à la British Broadcasting Corporation (BBC) et à Radio France internationale (RFI). Fondatrice du Centre des études françaises et francophones à l'université Columbia, elle contribue ainsi à faire connaître la littérature francophone aux États-Unis. Elle a publié de nombreux romans ancrés dans la mémoire de l'esclavage et de la colonisation, dont Ségou et Moi Tituba, sorcière

En 2018, Maryse Condé est consacrée par le prix Nobel « alternatif » de littérature, à l'issue d'une consultation qui a réuni plus de 32 000 contributions du monde entier. Maryse Condé « décrit les ravages du colonialisme et le chaos du post-colonialisme », déclare la Nouvelle Académie mise en place pour attribuer ce prix en l'absence du jury Nobel cette année-là. Maryse Condé dira : « En France, je n’ai jamais eu le sentiment que l’on écoutait vraiment ce que j’avais à dire. Je suis habituée à être un peu marginalisée. Aussi, cela m’étonne que ce soit un pays tel que la Suède, un pays voisin de la France, qui estime que ce que je dis et ce que je suis est important. » (Jeune Afrique).

Maryse Condé est née Maryse Liliane Appoline Boucolon, en février 1934 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, dans une famille qui l'a toujours poussée à lire et à étudier. A 19 ans, elle rejoint l’hexagone pour réaliser ses études d’hypokhâgne puis d’anglais à la Sorbonne, comme Paulette Nardal trente ans avant elle.
Elle découvre le Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire, et qu'elle prend conscience de sa condition de "colonisée". Cette conscience ne l'a jamais quittée. A Paris, elle rencontre aussi le comédien guinéen Mamadou Condé qu'elle épouse. Avec lui, elle part s’installer en Guinée en 1961, puis au Sénégal et au Ghana avec ses quatre enfants à la suite de son divorce.

De retour dans l’hexagone, elle rejoint la rédaction de la revue Présence Africaine et publie son premier roman Hérémakhonon, dans lequel elle revient sur ses désillusions dans la Guinée de Sékou Touré. Elle poursuit ensuite une oeuvre ample pénétrée par l'empreinte du passé, autour de cet "Atlantique noir" qui relie l'Europe, l'Afrique et l'Amérique : Moi, Tituba, sorcière… Noire de Salem ressuscite les Etats-Unis du 17ème siècle, quand son best-seller Ségou (1984) évoque l'Afrique qui bascule dans la colonisation.

Après être retournée un temps sur son île natale en Guadeloupe, elle s'installe aux États-Unis où elle enseigne la littérature à l’université de Columbia. Puis, elle a vécu à Gordes, dans le sud de la France, avec son mari Richard Philcox.

Au cours d'une carrière de près d'un demi-siècle en tant qu’écrivaine, elle a publié une trentaine de romans couronnés par de nombreuses récompenses telles que le grand prix littéraire de la Femme en 1986, celui de l’Académie française en 1988 pour son livre La Vie scélérate, récit autobiographique de son enfance, ou encore le prix Marguerite-Yournecar en 1999. En mars 2020, la romancière guadeloupéenne reçoit la Grand-Croix de l'ordre national du Mérite par le président Emmanuel Macron.

Son dernier livre, le roman L’Evangile du nouveau monde, publié en 2021, transplante le Nouveau Testament dans la Guadeloupe contemporaine.

Militante de la mémoire, engagée contre le colonialisme, elle a été la première présidente du Comité pour la Mémoire de l’Esclavage ( 2004-2009), qui deviendra le comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage - CNMHE, et sera remplacé par la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage en 2019.

Elle a été depuis membre du conseil scientifique de la FME.

Elle décède le 2 avril 2024 à Gordes.

Un hommage national lui a été rendu le 15 avril 2024 en présence du Président de la République à la BnF

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