hommage national à maryse condé

A la suite de la tribune lancée dans Le Nouvel Obs le 4 avril 2024 par Jean-Marc-Ayrault, Christiane Taubira, Leïla Slimani, Omar Sy et de nombreuses autres personnalités, un hommage national à la romancière guadeloupéenne Maryse Condé décédée le 2 avril 2024  a été rendu le 15 avril 2024 à la BNF en présence du Président de la République qui y a prononcé un éloge à cette grande écrivaine et militante de la mémoire.

Maryse Condé a été la première présidente du Comité pour la mémoire de l’esclavage institué par la loi Taubira de 2001, qui a été remplacé par la FME, et elle était membre du Conseil scientifique de la Fondation.

Au cours de la cérémonie, la directrice de la FME Aïssata Seck a lu des extraits de son texte L’abominable institution.Arts et lettres contre l'esclavage de Marcel Dorigny.

Message d'hommage de la Présidence de la République

« Les gens comme nous n’écrivent pas » : cette phrase entendue petite fille en Guadeloupe, Maryse Condé aura construit sa vie et bâti une œuvre pour la démentir. Sa disparition est celle d’une des voix les plus lues, les plus aimées, les plus admirées de notre langue française.

Message de Jean-Marc Ayrault en hommage à Maryse Condé

Dans un messsage d'hommage, le président de la Fondation, Jean-Marc Ayrault, témoigne d'une femme intellectuelle, d'une femme de combat, millitante pour la mémoire de l'esclavage.

La cérémonie

    La cérémonie a débuté à 16 heures à la Bibliothèque nationale de France. Lors de cet hommage, en présence du président de la République et de nombreuses personnalités, quatre textes de Maryse Condé ont été lus :

    • Extrait de son livre "Le Coeur à rire et à pleurer" par Marinne Mathéus
    • Extrait de son autobiographie "La vie sans fards" par Sonia Emmanuel
    • Extrait de la préface de "L'abominable institution" par Aïssata Seck
    • Extrait de la tribune : " La colonisation fut coupable de pas mal de crimes" par Franck Babéne

    La chanson "L'hymne à l'amour" a été ensuite interprétée par Laura Cluzel, a capella, avant la prise de parole d'Emmanuel Macron.

    Près d'une centaine de personnes étaient rassemblées pour cet hommage à la romancière guadeloupéenne : des membres du gouvernement comme Gabriel Attal, le Premier ministre, la ministre de la Culture, Rachida Dati ou la ministre déléguée, chargée des Outre-mer, Marie Guévenoux.  Ainsi que, des élus d'outre-mer tels que Christian Baptiste, Annick Petrus et Ary Chalus. Le monde culturel était également présent pour rendre hommage à l'écrivaine, notamment l'écrivain Erik Orsenna, la chanteuse lyrique Marie-Laure Garnier, l'actrice Firmine Richard ou encore la réalisatrice Euzhan Palcy.

    Le chef de l'État a célébré la mémoire de celle qui a toujours refusé l'assignation et qui, par sa force, s'est affranchie de sa condition malgré le racisme. Des bancs de la Sorbonne à la publication de son premier roman, Hérémakhonon (1976), Maryse Condé a fait sien le combat anticolonial, influencée par les auteurs Aimé Césaire et Frantz Fanon.

    Toujours fidèle à ses combats, son œuvre au retentissement mondial l'a conduite à diriger le Comité pour la mémoire de l'esclavage.  

    Enfin le Président de la République a salué une femme Guadeloupéenne, libre, pionnière, puissante.

    Par ailleurs il a accepté de renommer l’aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbes des Abymes « aéroport Maryse-Condé ».

    Extrait du disocurs d'Emmanuel Macron

    Une si belle enfant ne pouvait être maudite.

    L'esprit de Maryse Condé est là, tout entier, dans cette dernière phrase de la migration des cœurs. Sa croyance dans l'invention des vies contre la fatalité, son goût pour le paradoxe qui la pousse à achever l'épopée d'une lignée maudite par cette phrase qui, souvent soudain renverse le livre.

    Maryse Condé est dans ces mots. Sa méfiance envers les jugements définitifs, son esprit de contradiction, son ironie.