France

En bref

Dans un jardin éponyme, une statue de Solitude, mulâtresse marronne du XIXème siècle, a été inaugurée par la maire de Paris, Anne Hidalgo. 
Solitude y est représentée debout, enceinte, brandissant un texte dans sa main droite.

Créateur de l'œuvre Didier Audrat

Historique

La création de cette statue de bronze de Solitude s'inscrit dans un appel à projet lancé par la Ville de Paris en septembre 2020. Le lauréat, Didier Audrat, représente Solitude brandissant la proclamation de Louis Delgrès du 10 mai 1802. La statue Solitude est installée dans le jardin qui fut déjà renommé en son nom en 2020, dans le 17ème arrondissement. Elle est inaugurée le 10 mai 2022, lors de la journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition.

Solitude

Solitude est la fille d’un colon et d’une esclave née aux environs de 1772. Elle-même réduite en servitude, elle est libérée par la première abolition en 1794.
Lorsque Bonaparte rétablit l’esclavage en 1802, elle rallie une communauté marronne située à Goyave en Guadeloupe. Celle-ci est dirigée par un chef marron, Moudongue Sanga.
Elle s'illustre lors de la bataille du 8 mai 1802 contre les troupes du général français Richepance (1770-1802) aux côtés des troupes armées de Louis Delgrès qui appela à la lutte contre le rétablissement de l'esclavage et les hommes de Bonaparte.
Contrairement à Louis Delgrès et à ses compagnons d’arme, elle est capturée et condamnée à mort.
Enceinte, la "mulâtresse“ Solitude est exécutée par pendaison le 29 novembre 1802 au lendemain de son accouchement.
Son récit a été rendu populaire par l'ouvrage d'André et Simone Schwarz-Bart, sous le titre de La Mulâtresse Solitude, en 1972.

Mémoire

La Ville de Paris rend ici hommage à cette figure héroïque de la résistance qui s'est battue, aux côtés de compagnons, pour conserver leur liberté obtenue en 1794.

La représentation des figures d'esclaves résistants dans la statuaire publique est relativement récente. Elle constitue un renversement dans la mise en récit de l'esclavage et de ses héritages, traditionnellement représentée par les Grands Hommes politiques d'hexagone, en donnant une visibilité jusqu'à lors nettement réduite à des protagonistes incontournables de l'histoire nationale. La mémoire est ainsi rendue à toutes celles et ceux qui ont lutté pour la défense des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, au prix de leurs vies.
Il s'agit également de la première statue d'une femme noire à Paris.

La Ville de Paris mène une politique mémorielle afin de visibiliser l'histoire et les héritages de l'esclavage dans l'espace public.

Source d'information

  • FME
  • Site web de la Ville de Paris
  • Lalouette, Jacqueline. Les statues de la discorde. Passés composés / Humensis, 2021.

Biographies associées

Situation

48.8829922, 2.3091386