En bref
En 1999, la commune des Abymes, en Guadeloupe, rend hommage à la mulâtresse Solitude en érigeant une statue à sa mémoire, sur le boulevard des Héros. Elle est l’œuvre du sculpteur guadeloupéen Jacky Poulier.
La mulâtresse Solitude incarne une figure héroïque et emblématique du marronnage en Guadeloupe.
Créateur de l'œuvre Jacky Poulier
Historique
Le mot « marron » vient de l'espagnol « cimarron », qui signifie fugitif. Ce terme définit les esclaves insoumis qui s'enfuyaient dans la nature, seuls ou en groupe, dans les montagnes, les forêts et la mangrove. Cette résistance est dénommée le marronage.
Grande figure du marronage, cette statue rend donc hommage à Solitude et sa résistance contre l’esclavage.
André et Simone Schwartz-Bart écrivent son histoire romancée dans un ouvrage éponyme dédié à La Mulâtresse Solitude, qui paraît en 1972, aux Éditions du Seuil.
Solitude est représentée à taille humaine, en "femme doubout" (femme debout), les mains sur les hanches. La tête haute et le regard fier, son ventre rond révèle sa grossesse qu'elle traversa pendant ses plus grands combats.
Solitude
Solitude est la fille d’un colon et d’une esclave née aux environs de 1772. Elle-même réduite en servitude, elle a été libérée lors de la première abolition en 1794.
Lorsque Bonaparte rétablit l’esclavage en 1802, elle rallie une communauté marronne située à Goyave, en Guadeloupe, dirigée par un chef marron, Moudongue Sanga.
Elle s'illustre lors de la bataille du 8 mai 1802 contre les troupes du général français Richepance (1770-1802), aux côtés des troupes armées de Louis Delgrès. Contrairement à ce dernier et à ses compagnons d’armes, elle est capturée et condamnée à mort.
Enceinte, la mulâtresse Solitude est exécutée par pendaison le 29 novembre 1802, au lendemain de son accouchement.
Mémoire
La représentation des figures d'esclaves résistants dans la statuaire publique est relativement récente. Elle constitue un renversement dans la mise en récit de l'esclavage et de ses héritages, traditionnellement représentée par les Grands Hommes politiques d'hexagone, en donnant une visibilité jusqu'à lors nettement réduite à des protagonistes incontournables de l'histoire nationale. La mémoire est ainsi rendue à toutes celles et ceux qui ont lutté pour la défense des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, au prix de leurs vies.
En Guadeloupe, de nombreux monuments sont consacrés aux esclaves, et notamment aux marrons.
Source d'information
- FME
- Lalouette, Jacqueline. Les statues de la discorde. Passés composés / Humensis, 2021.