France

En bref

La sculpture monumentale en bronze prend place sur la Place d'Armes, au Lamentin. Elle est à la fois appelée "Neg Mawon" et "Arbre de la Liberté" puisqu'elle représente tant un homme qu'un arbre.

Créateur de l'œuvre Khôko René-Corail, Alberto Lescay Merencio

Historique

L'œuvre en bronze a été réalisée par Khôkho René-Corail et Alberto Lescay Merencio, dans le cadre du jumelage de la ville du Lamentin avec celle de Santiago, à Cuba.

L'Arbre de la Liberté fut installé sur la Place d'Arme en mai 1998, à l'occasion du 150ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage à la Martinique. Pour cet événement, il s'agissait de rendre hommage à toutes les résistances de l'esclavage pour valoriser leurs héritages.

L'artiste concepteur, Khôkho René-Corail, utilise la symbolique de l'arbre, très importante en Afrique.

Elle renvoie en effet au non-retour qui poussait les esclaves à faire sept fois le tour d'un arbre avant de quitter définitivement leur terre dans le cadre de la traite. L'arbre renvoie aussi aux ancêtres auprès duquel étaient enterrés les cordons ombilicaux et placenta des nouveaux nés. C'est pour cela que le monument revêt la double signification d'Homme et d'Arbre, de Neg Mawon et d'Arbre de la Liberté.

Les branches symbolisent l'émancipation de l'Homme Noir tandis que les masques sur le tronc représentent des divinités d'Egypte, d'Afrique et d'Amérique honorant le métissage. Sur ce même tronc, les entailles font écho aux blessures infligées aux esclaves qui en gardèrent des cicatrices. La corde autour rappelle les chaînes aux poignets et chevilles.

Mémoire

Erigés à la mémoire d'individualités anonymes, les monuments aux Nègres Marrons sont de plus en plus nombreux à partir des années 90, et notamment après la marche historique de 1998. Ils jouent ainsi un rôle mémoriel important dans l'espace public mettant en avant les résistants et combattants pour la liberté derrière la figure du nègre marron, celui qu'Edouard Glissant appelait "le seul vrai héros populaire des Antilles" dans le Discours antillais.

Il s'agit d'un renversement iconographique pour célébrer l'abolition de l'esclavage : alors que celle-ci était traditionnellement incarnée par les grands hommes politiques d'hexagone, notamment Victor Schoelcher, rédacteur du décret et particulièrement présent en Martinique, le symbole du Nègre Marron rend la mémoire à toutes celles et ceux qui ont combattu pour leur propre liberté. On le retrouve ailleurs en Martinique, mais aussi dans toutes les anciennes colonies d'outre-mer et plus récemment en hexagone, qu'il soit identifié précisément (Louis Delgrès, la mulâtresse Solitude, Heva, Flore Bois Gaillard, Boukman, etc.) ou non.

Source d'information

  • FME
  • Site web de l'Office de Tourisme Centre Martinique
  • Lalouette, Jacqueline. Les statues de la discorde. Passés composés / Humensis. 2021.
  • Béral, Béatrice. Les œuvres monumentales en Martinique autour de l'esclavage. Université Antilles Guyane, 2011.

Situation

14.6153223, -60.9900625