Oluwole Babatunde Soyinka

Wole Soyinka, de son vrai nom Akinwande Oluwole Babatunde Soyinka, est un écrivain, poète et dramaturge nigérian.

Il reçoit le prix Nobel de littérature le 10 décembre 1986, salué comme étant « l’écrivain qui met en scène dans une vaste perspective culturelle enrichie de résonances poétiques, une représentation dramatique de l’existence », le dramaturge, romancier, essayiste et poète nigérian devient ainsi le premier écrivain africain à recevoir cette récompense.

Wole Soyinka est né le 13 juillet 1934 à Abeokuta au Nigéria, d’une mère commerçante politisée, engagée en faveur des droits des femmes et d’un père prêtre anglican et directeur d’école. Il est le cousin de Fela Kuti, le chanteur et activiste majeur du Nigeria des années 1960-1990.

Élève brillant, il débute sa scolarité au Nigéria avant de s’envoler en Angleterre pour étudier la littérature. Il se fait connaître d’abord comme dramaturge, avec des pièces comme Le Lion et la Perle (1959), Les Tribulations de Frère Jero (1959), La Danse de la forêt (1960), en hommage à l’indépendance de son pays, puis comme poète, avec notamment le recueil Idanre and Other Poems (1967), placé sous le signe d’Ogun, la divinité yoruba du métal. Figure du renouveau littéraire africain au temps des indépendances, il incarnera Patrice Lumumba, le premier ministre congolais assassiné en 1961, sur la scène du Théâtre de Chaillot en 1971.

Son œuvre baroque et enflammée dépeint les contradictions et le chaos de son pays, tiraillé entre un passé aux traditions bouleversées par le colonialisme et un présent marqué par la corruption et l’incurie d’élites prédatrices dont il se fait le procureur impitoyable.

Sur la scène internationale, il raille le mouvement de la Négritude de ses aînés Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, en affirmant : « Le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore. » Dans son pays, il conteste le pouvoir des « bouffons », les nouveaux dirigeants du Nigeria indépendant, et est emprisonné presque deux ans à la fin des années 1960 pour avoir soutenu le mouvement d’indépendance du Biafra, État du sud-est du Nigéria, et est condamné à mort par le régime en place. Il en tirera le témoignage de prison Cet Homme est Mort, dont la parution en 1972 l’oblige à s’exiler en Grande-Bretagne.

En 1975, il fait paraître son chef d’œuvre La Mort et l'Écuyer du roi, tragédie nigériane dans laquelle il aborde les thèmes du colonialisme, du racisme et du relativisme culturel, dans lequel il mélange l’anglais et le yoruba, et imprègne le texte de rythmiques issues des tambours traditionnels de la culture yoruba. Il débute son autobiographie en 1981, qui compte à ce jour quatre volumes dont Aké, les années d'enfance

Son œuvre est couronnée en 1986 par le Prix Nobel de littérature. Il se rend à la cérémonie de remise du prix en costume traditionnel, et en fera une tribune contre l’apartheid en Afrique du Sud, en prononçant un discours en faveur de la libération de Nelson Mandela, alors toujours emprisonné par le pouvoir blanc de Pretoria. Dans les années 1990, il sera de nouveau contraint de fuir son pays, menacé par la junte militaire au pouvoir. Il créera son propre parti politique le Front démocratique pour une fédération des peuples en 2010.

En 1998, il signe avec Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant un appel à reconnaître la traite et l’esclavage colonial comme crimes contre l’humanité, qui inspirera la proposition de loi que Christiane Taubira déposera à la fin de la même année.

Aujourd’hui encore, il continue de s’exprimer haut et fort contre la corruption, la violence et les dérives religieuses dans son pays et dans le monde. En 2017, fidèle à la promesse qu'il avait faite, il quitte les États-Unis où il vivait et enseignait depuis vingt ans pour retourner en Afrique, afin de protester contre l’élection de Donald Trump.

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