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Marthe-Rose Toto
©FME
Genre
Femme
Naissance
1762
Décès
1802
Activité
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dite Toto

Marthe-Rose, dite Toto, est une femme combattante, figure emblématique de la lutte contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe en 1802.

On sait très peu de choses sur sa vie avant 1802 : elle serait née en 1762 à La Soufrière, dans l’île de Sainte Lucie, colonie française alors sous occupation britannique, et était une « libre de couleur » lorsque la Révolution a aboli l’esclavage en Guadeloupe le 2 juin 1794.

Elle serait ensuite devenue la compagne du militaire Martiniquais Louis Delgrès, libre de couleur et officier dans les armées de la Révolution. Ce dernier participe à la campagne pour chasser les Britanniques de Sainte-Lucie, est fait prisonnier puis revient dans les Caraïbes après avoir été libéré.
En octobre 1801, il est l’aide de camp du capitaine général Lacrosse, le représentant du Consulat à la Guadeloupe, mais lorsque les officiers noirs et métis se soulèvent contre son autoritarisme et ses préjugés, il se rallie aux rebelles.

En mai 1802, alors que débarquent les troupes envoyées par le Premier Consul Bonaparte en Guadeloupe pour y rétablir l’ordre ancien, Louis Delgrès prend la tête des militaires décidés à résister à ce coup de force. Mais les insurgés sont rapidement submergés par les forces du général Richepance, commandant de l’expédition. Ils se retranchent dans le fort Saint-Charles à Basse-Terre (aujourd'hui Fort-Delgrès). Après dix jours de combats, ils quittent le fort et se répartissent en petits bataillons à travers l’île. Poursuivi, encerclé à l'habitation Danglemont à Matouba, Louis Delgrès se suicide avec ses hommes en se faisant exploser pour ne pas se rendre le 28 mai 1802. Quelques semaines plus tard, l’esclavage est rétabli sur l’île.

D’après l’historien local Auguste Lacour, ce serait lors de ces événements dramatiques que Marthe-Rose Toto se serait cassé la jambe lors de l’évacuation du fort Saint-Charles, et qu’elle a été capturée. C’est donc blessée qu’elle assiste à son procès et sur une civière qu’elle est conduite au gibet après avoir été condamnée à la peine de mort par le tribunal spécial de Basse-Terre le 2 octobre 1802. Le jugement lui donne « une part active à la rébellion », et l’accuse d’avoir incité les soldats rebelles à tuer des prisonniers blancs dans le fort. Lacour cite ses derniers mots, prononcés la corde au cou : « Des hommes, après avoir tué leur roi, ont quitté leur pays pour venir dans le nôtre porter le trouble et la confusion : que Dieu les juge ! »

Souvent confondue avec la « mulâtresse Solitude » dont Lacour évoque également la présence parmi les rebelles et qui inspirera à André Schwarz-Bart le roman du même titre, Marthe-Rose Toto témoigne par son engagement et son destin tragique du rôle majeur que les femmes ont joué dans la rébellion de la Guadeloupe en 1802, et plus généralement dans les mouvements de résistance à l’esclavage.
 

Elle est aujourd’hui honorée en Guadeloupe par les autorités – ainsi à Basse-Terre où une rue porte son nom – comme par les artistes, tels le poète guadeloupéen Roger Valy-Plaisant qui lui a dédié sa pièce Les Chanteurs de l'Espoir en 2003. Sa mémoire est évoquée dans l’un des onze panneaux de l’exposition itinérante « Périple pour la liberté : histoire et combats des femmes de Guadeloupe – XIXe et XXe siècles » initiée par l’association Solidarité Femme de Guadeloupe et réalisée avec le service éducatif des Archives départementales de la Guadeloupe.

Sources d'informations

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Lieux de mémoire