France

En bref

Le Fort Delgrès, anciennement fort Saint-Charles, est un fort français qui domine la ville de Basse-Terre en Guadeloupe. Il fut un haut lieu de la lutte franco-anglaise dans les Antilles puis de celle des Guadeloupéens contre l'esclavage conduit par l'officier mulâtre et résistant Louis Delgrès. Il est classé monument historique par arrêté du 21 novembre 1977.

Historique

Edifié par le seigneur Charles Houël vers 1650, le Fort Delgrès (alors dénommé Saint-Charles) se dresse sur une position dominant la ville de Basse-Terre. Bordé au Sud par la ravine du Galion, le fort ne cessera d’être renforcé au cours des XVIIIème et XIXème siècle pour constituer un système défensif emblématique. Il abandonne ses fonctions militaires en 1904 et est, dès 1917, remarqué par le gouverneur Merwart comme l’un des monuments les plus remarquables de la Guadeloupe. Aujourd’hui, le Fort Louis Delgrès est ouvert à la visite et accueille diverses activités culturelles.

Un bastion révolutionnaire

En 1794, durant la Révolution, Basse-Terre est occupée par les Anglais et le fort est l'enjeu de violents combats. Victor Hugues parvient à s'en emparer ce qui lui permet de prendre le contrôle de la Guadeloupe et d'y abolir l'esclavage. Napoléon voulant rétablir l'esclavage en 1802, le fort est occupé par l'armée coloniale en révolte de Louis Delgrès. Le fort est pris d'assaut par des troupes venues de métropole, conduites par le général Richepanse. Delgrès et ses hommes se replient sur le Matouba et abandonnent le fort. Malgré la résistance acharnée de Delgrès et d'Ignace, qui se suicideront plutôt que de se rendre, et d'autres groupes de combattants qui se réfugieront dans les montagnes, Richepanse reprend le contrôle de la Guadeloupe, mais décède en 1803. Dès la nouvelle de sa mort, le 30 mars 1803, Bonaparte prend un arrêté rebaptisant le fort Saint-Charles du nom de Richepanse. Il faudra attendre les années 60, pour qu'il retrouve son nom d'origine, avant d'être dénommé Fort Delgrès en 1989.
 

« Vivre libre ou mourir ! »

Louis Delgrès (1766-1802), est un métis libre né à Saint-Pierre en Martinique, fils naturel d'un haut fonctionnaire de l'administration coloniale et d'une mulâtresse. Dès 1792, il est acquis aux idées républicaines. Il devient un officier de l'armée particulièrement bien noté par sa hiérarchie. Chef de bataillon, il participe au renvoi de Lacrosse, dépositaire de l'autorité de la France en Guadeloupe, en 1801. En mai 1802, il refuse de se soumettre au corps expéditionnaire et combat en reprenant le mot d'ordre des Jacobins (républicains radicaux) « vivre libre ou mourir ». Après 18 jours de combat, encerclé par des forces supérieures dans l'habitation d'Anglemont à Matouba (Saint-Claude), pour ne pas être fait prisonnier, il fait exploser son retranchement et meurt avec 300 compagnons d'armes. À ce jour, aucun portrait réalisé du vivant de Delgrès n'a été retrouvé.
Le fort est rebaptisé Fort Delgrès en 1989 par le Conseil général de la Guadeloupe en hommage au héros de l'abolition Louis Delgrès. Depuis 2004, il est la propriété et le siège de la direction des affaires culturelles et du patrimoine.

Mémoire

Le Fort Louis Delgrès accueille chaque 27 mai la commémoration locale de l'abolition de l'esclavage en Guadeloupe pour la ville de Basse-Terre. La cérémonie inclut un dépôt de gerbe ainsi que des discours de différentes institutions entre la mairie, la région ou encore le département, saluant toutes les combats des résistants de l'esclavage, et en particulier Delgrès et ses compagnons. La fondation pour la mémoire de l'esclavage est également généralement présente pour l'événement. En 2022, la ministre des outremer de l'époque, Yaël Braun-Pivet, avait également assisté à la cérémonie.

Le mémorial à Louis Delgrès et le Fort lui-même font parti du circuit "La Route de l'esclave, traces-mémoires en Guadeloupe", porté par le Conseil Général.

Le parcours présente une sélection de sites patrimoniaux liés à l'histoire et à la mémoire de l'esclavage. L'objectif de la démarche et de permettre à tous, habitants et visiteurs, de mieux appréhender le passé de l'île à travers les témoins matériels qui subsistent dans le paysage du territoire.

La Route de l’esclave - Traces-Mémoires, circuit guadeloupéen, s'inscrit dans le projet de « la Route de l’esclave » porté par l’UNESCO, qui s’attache à recenser et à faire connaître à travers le monde les sites et lieux de mémoire liés à l’histoire de l’esclavage.

Source d'information

  • FME
  • Coquelet Pierre, Laborie Séverine, Marinette Esther, Stouvenot Christian, 111 monuments historiques de Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Direction des Affaires Culturelles de la Guadeloupe. Paris : Editions Hervé Chopin, 2016. 175p.
  • Conseil Général de Guadeloupe. Brochure du circuit "La Route de l’esclave - Traces-Mémoires en Guadeloupe".

Galerie

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Grande Caserne Fort Louis Delgrès. (cc) Wikimedia Commons/ Filo gèn.
Grande caserne (Fort Louis Delgrès)
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Mémorial Delgrès (Fort Louis Delgrès)
Mémorial Delgrès (Fort Louis Delgrès)
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Plan du fort Delgrès, avec les différentes époques de construction.
Plan du fort Delgrès, avec les différentes époques de construction.

Biographies associées

Situation

15.9905742, -61.725081