Harriet Tubman est une figure majeure du marronnage, de l’abolitionnisme et du droit des femmes aux Etats Unis. Elle connut l’esclavage, s’en libéra et devint une activiste de l’abolition et de tous les combats pour la justice et l’égalité.
Elle est née dans l’esclavage vers 1822 dans le Maryland aux Etats Unis. Adolescente, elle subit une grave blessure à la tête à cause d’un poids en métal d’un kilo jeté dans sa direction par un gardien qui tentait de stopper la fuite d’un marron. Suite à cette blessure elle a de nombreuses visions qu’elle interprète comme une révélation divine et acquiert une foi passionnée.
Elle échappe à son maître en 1849, et parvient à libérer sa famille. Elle participe activement à l’underground railroad, ce mouvement abolitionniste radical qui à travers un système de routes et de haltes clandestines organisait la fuite des esclaves vers la liberté. Durant ses 13 voyages dans le Sud, Harriet Tubman a conduit près de 70 esclaves vers les États libres et le Canada.
Si elle a été avant tout une activiste non-violente, elle a rendu hommage à la révolte armée de l’abolitionniste John Brown. De cet activiste blanc, tout comme elle guidé par la foi, qui fut condamné à mort en 1859 après avoir tenté de mettre fin à l’esclavage en tentant un coup de force en Virginie, elle dira : « Il a fait davantage en mourant que cent hommes n’en auraient fait en vivant ».
Avec le recul de l’histoire, la révolte de John Brown apparaît comme un prélude à la guerre de Sécession, déclenchée par les divergences entre les états du Nord et du Sud sur la question de l’esclavage. Harriet Tubman y est très active. En 1863, elle participe au raid sur Combahee Ferry, une opération militaire qui libère plus de 700 esclaves. La victoire de l’Union apporte l’abolition de l’esclavage en 1865 par l’adoption du 13e Amendement à la Constitution, faisant suite à la Proclamation d’émancipation de Abraham Lincoln de 1863.
Dans les dernières années de sa vie Harriet Tubman se bat pour le suffrage des femmes, en soulignant que le courage et le sacrifice des femmes dans l’histoire moderne justifient pleinement leur égalité avec les hommes. Elle meurt d’une pneumonie le 10 mars 1913, enterrée avec des honneurs semi-militaires.
L’administration Obama avait annoncé son intention de faire d’Harriet Tubman la première personne noire dont le portrait figurerait sur un billet de dollar américain d’ici 2020, mais l’administration Trump a mis un frein au projet et le billet n’est toujours pas mis en place à l’heure actuelle, même si l’administration Biden a annoncé son intention de le reprendre et de le mener à son terme.
Il existe de nombreuses statues commémoratives d’Harriet Tubman aux Etats Unis disséminées à travers le pays, ce qui témoigne du statut iconique que la militante a acquis dans la mémoire nationale américaine. Le biopic Harriet de Kasi Lemmons sorti en 2019 alimente l’image d’une « Moïse du peuple noir », un symbolisme biblique déjà présent dans les chants des esclaves, ainsi que dans l’imaginaire de la militante : d’après Delphine Louis-Dimitrov « Tubman elle-même comparait la mission divine dont elle se sentait investie à celle de Moïse ».
Sources d'informations
- http://www.harriettubmanbiography.com/harriet-tubman-biography.html
- Les Routes de l'esclavage, Catherine Coquery-Vidrovitch, Albin Michel, 2021 pp. 205-206
- https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2020-1-page-51.htm
- A propos du film Harriet : https://journals.openedition.org/chrhc/18028