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John Brown
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John Brown naît en le 9 mai 1800 à Torrington, dans le Connecticut dans une famille qui a participé à l'Underground Railroad, le réseau d'évasion des esclaves du Sud (sujet du roman de Colson Whitehead du même titre, adapté en série par Barry Jenkins). Elevé dans le culte calviniste, il se voit prédestiné à mettre fin à l'esclavage.
En 1847, il rencontre Frederick Douglass, l'ancien esclave devenu figure de l'abolitionnisme aux Etats-Unis, qui le renforce dans ses convictions anti-esclavagistes. Deux ans plus tard, il s’installe dans une communauté agricole peuplée de personnes noires, qu'il appelle ""Monsieur"" ou ""Madame"", une marque de respect très rare pour l'époque. Convaincu que seule l'action directe, violente éventuellement, parviendra à mettre un terme à l'esclavage, il passera à l’acte dans les années 1850.
Quand en 1856 au Kansas esclavagistes et abolitionnistes s'opposent, il tue cinq esclavagistes avec ses partisans. Continuant sur sa lancée, en 1859, il prendra la décision d’attaquer le Sud, pour provoquer un soulèvement servile et abattre un système qu'il juge ""satanique"". Pour poursuivre son objectif, il est financé par quelques riches partisans dans le Nord et Harriet Tubman l'aide même à trouver des volontaires.
Le 16 octobre 1859, il déclenche l’attaque qu’il espère décisive dans son projet, en prenant d’assaut avec une troupe de 18 hommes l'arsenal de Harpers Ferry en Virginie. Mais les ralliements attendus n'arrivent pas. En deux jours, l'insurrection est écrasée. John Brown, blessé, est arrêté et dix de ses compagnons sont tués, dont deux de ses fils. Lui-même sera finalement exécuté deux mois plus tard, le 2 décembre 1859 en présence des futurs leaders sudistes Robert Lee et Thomas Jackson, ainsi que John Wilkes Booth, futur assassin de Lincoln.
Avant de mourir, il laisse un mot prophétique annonçant que seul le sang mettra fin à l'esclavage. De fait, sa fin radicalise l'opposition entre Nord et Sud et pèse sur l'élection de 1860 qui porte à la Maison Blanche Abraham Lincoln, qui voit en John Brown un extrémiste. Cependant, sa dernière intuition s’avèrera vraie : c'est bien par le sang (de la guerre) que l'esclavage sera finalement aboli. Entre temps, l'attaque désespérée et la mort du militant avaient ému le monde entier. Interpelé par un correspondant haïtien alors qu'il était en exil à Guernesey, Victor Hugo lui répondra par l'un de ses rares textes clairement abolitionnistes. Le peuple haïtien réunira dans une collecte la somme très élevée pour l’époque de 25 000 dollars (825 000 dollars actuels) en soutien à la veuve de John Brown.
Depuis plus de 150 ans, le souvenir de John Brown continue de hanter l'imaginaire américain, ""le premier terroriste d'Amérique"" pour les uns, ""un héros national"" pour les autres. Il a inspiré de nombreux artistes, tels que Orson Welles, qui à 17 ans lui consacra sa première pièce de théâtre, longtemps inédite, ""Marching Song"" où il y expérimente la technique de la biographie reconstruite par un journaliste, qu'il reprendra pour ""Citizen Kane ». En 1940, Michael Curtiz fait de John Brown un fanatique inquiétant dans ""La piste de Santa Fe"", un film pro-Sud dans la veine de ""Autant en emporte le vent"". Ronald Reagan y joue le général Custer… En 2001, Russell Banks lui consacre un épais roman, ""Pourfendeur de nuages"", dans lequel l'histoire de John Brown est racontée par son fils Owen, qui survivra à l'attaque de Harpers Ferry. En 2013, James McBride écrit Good Lord Bird, dans lequel un jeune Noir est tiré de l'esclavage au Kansas par J. Brown et le suit jusqu'à la fin. Le roman reçoit le National Book Award et est devenu la série que l'on sait.
En savoir plus:
Sur la lettre de Victor Hugo, sa genèse et ses suites, notamment à Haïti : https://jstor.org/stable/23532081

Sources d'informations

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