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La Fondation pour la mémoire de l'esclavage signe une tribune publiée dans Libération le 18 avril 2022.

Face à l'extrême droite, ne rien faire, c'est laisser faire

Dans l’histoire, beaucoup d’électeurs n’ont pas imaginé l’enchaînement des actions et réactions que leur vote ou leur abstention ont déclenchées, ni jusqu’à quelles extrémités peut conduire une tentation autoritaire, rappelle un collectif réunissant des institutions mémorielles (Amnésie Internationale ; l’association nationale Résister aujourd’hui ; Amis du lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon; Centre de la Mémoire d'Oradour sur Glane ; Fils et Filles des Déportés Juifs de France ; Site-mémorial du Camp des Milles ; Fondation pour la mémoire de l’esclavage ; AFMA - Association Fonds Mémoire d'Auschwitz ; Mémorial du camp de Gurs ; Mouchard-Zay Hélène, fondatrice du Cercil musée-mémorial des enfants du Vel-d’Hiv ; Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux ; Mémorial des enfants d'Izieu ; OSE - Œuvre de Secours aux Enfants ; Recherche et Enseignement de la Shoah (Ares).

Le texte de la tribune :

Election Présidentielle 2022
Face à l'extrême droite, ne rien faire, c'est laisser faire
par un collectif d'institutions mémorielles

Dans l’histoire, beaucoup d’électeurs n’ont pas imaginé l’enchaînement des actions et réactions que leur vote ou leur abstention ont déclenchées, ni jusqu’à quelles extrémités peut conduire une tentation autoritaire, rappelle un collectif réunissant des institutions mémorielles.

A quelques jours du second tour d’élection présidentielle cruciale pour notre pays, nous, Mémoriaux et institutions mémorielles engagées dans la transmission de l’histoire pour la compréhension du présent, souhaitons partager la grande inquiétude des témoins et acteurs des drames de notre passé, anciens résistants, combattants et déportés qui ont vécu l’expérience historique des années 30, ainsi que des personnalités de tous horizons, chercheurs, artistes, enseignants… qui nous aident à transmettre la mémoire des crimes contre l’humanité de notre histoire, qui voient monter à nouveau la xénophobie, le nationalisme, les racismes et l’antisémitisme, et le négationnisme. Avec leurs menaces contre les libertés et la paix civile au sein de la société française.

Nous appelons donc l’attention de nos concitoyens sur le risque majeur qui pèse sur notre démocratie.

L’impensable a déjà été possible. Aujourd’hui, ne rien faire, c’est laisser faire.

Menace grave de la paix civile

Nos institutions mémorielles n’ont pas vocation à faire des choix politiques partisans. Mais nous sommes concernés par les grands choix sociétaux car nous œuvrons quotidiennement, par notre travail tourné vers la connaissance de l’histoire comme manière d’éclairer le présent, pour servir la fraternité pour aujourd’hui et pour demain.

L’histoire montre en particulier que les valeurs républicaines et démocratiques de liberté, d’égalité et de fraternité peuvent être affaiblies voire remises en cause par l’extrémisme et les intolérances, y compris par les urnes, et que le rejet de l’autre est un moteur puissant de ce processus. Car il exacerbe les tensions d’une société jusqu’à menacer gravement la paix civile et l’Etat de droit lorsque des slogans d’exclusion sont transcrits dans des textes juridiques.

Nous devons agir autrement

Dans l’histoire, beaucoup d’électeurs n’ont pas imaginé l’enchaînement des actions et réactions que leur vote ou leur abstention ont déclenchées, ni jusqu’à quelles extrémités peut conduire une tentation autoritaire. Cette histoire-là est hélas aussi une histoire française. Les régimes autoritaires ont déjà été «essayés» et ont conduit à aggraver le sort des peuples en colère qui leur avaient confié leur protection. Aujourd’hui, nous le savons, et nous devons agir autrement.

Dès lors, nous considérons qu’il relève de notre mission d’intérêt public de nous adresser à nos concitoyens pour leur dire qu’aujourd’hui l’histoire alerte le présent, et que le vote républicain et démocratique le 24 avril est le meilleur moyen d’éviter l’accès au pouvoir d’un régime intolérant et extrémiste et de ses dérives autoritaires et mortifères.

Premiers signataires : Amnésie internationale ; l’association nationale Résister aujourd’hui ; Amis du lieu de mémoire du Chambon-sur-Lignon; Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane ; Fils et Filles de déportés juifs de France ; Fondation du Camp des milles-mémoire et éducation ; Fondation pour la mémoire de l’esclavage ; Fonds mémoire d’Auschwitz ; Mémorial du camp de Gurs ; Mouchard-Zay Hélène, fondatrice du Cercil musée-mémorial des enfants du Vel-d’Hiv ; Musée de la Grande Guerre ; Musée-mémorial des enfants d’Izieu ; Œuvre de secours aux enfants ; Recherche et Enseignement de la Shoah (Ares).