Rosa Parks est une militante des droits civique américains, figure emblématique du mouvement contre la ségrégation dans le Sud des Etats-Unis.
Rosa Louise McCaulay naît le 4 février 1913 à Tuskegee en Alabama (États-Unis). Elle grandit au temps des lois dites « Jim Crow » par lesquelles, à partir de 1877 dans les états du Sud, les Blancs ont imposé aux Africains-Américains un régime de ségrégation raciale sévère. En Alabama, le Ku Klux Klan, organisation suprémaciste blanche, est particulièrement implanté et ses actions racistes et violentes sont courantes. Enfant, la jeune Rosa voit ainsi son grand-père surveiller leur maison avec un fusil de chasse tandis que des membres du KKK défilent dans les rues.
Issue d’un milieu ouvrier, elle travaille en tant que couturière, aide-soignante et secrétaire. Elle épouse en 1932 Raymond Parks, un militant de la cause des droits civiques et membre de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), principale association militant pour les droits civiques des Africains-Américains, qui la pousse à finir ses études à l’Alabama State Teachers College for Negroes.
Dans les années 1930, elle s’intéresse à l’activité du Parti communiste, seul parti anti-ségrégationniste à cette période, mais n’en devient pas membre. En décembre 1943, elle s’engage dans la section de la NAACP de Montgomery (la capitale de l’Alabama), dont elle est élue secrétaire. Dans le cadre de cette fonction, elle documente la violence raciale en Alabama : en 1944 elle enquête sur le viol en réunion par plusieurs hommes blancs d’une jeune femme noire nommée Recy Taylor. Malgré leurs aveux, les auteurs sont acquittés par la justice de l’état d’Alabama…
Mais c’est par son geste de désobéissance civile que Rosa Parks rentre dans l’Histoire, le 1er décembre 1955, lorsqu’elle s’assoit à l’avant du bus qui la ramène de son travail. Cette section est en effet réservée aux Blancs, et d’autres femmes cette année-là ont déjà été condamnées pour avoir refusé de céder leur place à un passager ou une passagère blanche, comme l’adolescente Claudette Colvin quelques mois plus tôt, que Rosa Parks connaît et a soutenu au nom de la NAACP.
Interpelée et condamnée, la militante fait appel, en contestant la légalité de la loi de ségrégation raciale de l’Alabama. Trois jours plus tard, un mouvement de boycott de la compagnie de bus est organisé pour la soutenir, à l’initiative des églises noires de la région guidées par un jeune pasteur alors inconnu, Martin Luther King. Le boycott dure 381 jours, jusqu’à ce que la Cour suprême des États-Unis déclare inconstitutionnelle la ségrégation dans tous les transports publics américains
Rosa Parks devient une figure de proue du mouvement des droits civiques américain, mais son exposition médiatique lui vaut menaces et pressions en Alabama. Elle est licenciée de son emploi, ainsi que son mari, et s’oppose aux leaders locaux des droits civiques sur la stratégie de lutte. Le couple finit par se décider à quitter le Sud et s’installe à Détroit, dans le Nord, où Rosa travaillera pendant près de 20 ans comme assistante parlementaire d’un élu démocrate du Michigan à la Chambre des représentants.
Longtemps présentée dans l’histoire des droits civiques comme une femme âgée, simple couturière, le New York Times la présentant même comme « la matriarche accidentelle du mouvement des droits civiques », Rosa Parks a toujours rappelé qu’elle était au contraire une militante, engagée de longue, et âgée seulement de 42 ans en décembre 1955. Comme elle l’explique dans son autobiographie My Story (1992) : « Les gens racontent que j'ai refusé de céder mon siège parce que j'étais fatiguée, mais ce n'est pas vrai. Je n'étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d'habitude à la fin d'une journée de travail. Je n'étais pas vieille, alors que certains donnent de moi l'image d'une vieille. J'avais 42 ans. Non, la seule fatigue que j'avais était celle de céder. » Isolée à Detroit, sans enfant, veuve à partir de 1977, Rosa Parks a continué à s’engager pour l’égalité et les droits humains jusqu’à la fin de sa vie, malgré de nombreux problèmes de santé, financiers (elle a manqué plusieurs fois d’être expulsée de son domicile) et une attaque à main armée dont elle a été victime chez elle en 1994. C’est cette vie de plus de soixante ans de combats d’une femme debout que détaille la biographie de référence établie par Jeanne Theoharis en 2015, intitulée The Rebellious Life of Mrs. Rosa Parks.
Lorsqu’elle décède à l'âge de 92 ans, le 24 octobre 2005, un hommage à sa mesure lui est rendu au Capitole à Washington devant près de 50 000 personnes – elle est la première femme, et la deuxième personne noire à recevoir cet honneur. Dans les jours suivant son décès, personne n’occupe les premières places des bus de Montgomery sur lesquels reposent une photo de la militante associée à une inscription : « La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s’est tenue debout en restant assise ». En 2013, Barack Obama inaugure une statue à son effigie, dans le National Statuary Hall du Capitole, où figurent les statues des citoyens les plus éminents du pays.
Figure iconique de l’histoire américaine, Rosa Parks est aussi devenue un personnage de pop culture. En 1998, le groupe de rap d’Atlanta Outkast a donné son nom à l’une de leurs chansons (sans rapport avec sa vie, ce qui l’amènera à porter plainte contre le groupe). En 2003, son biopic The Rosa Parks Story réalisé par Julie Dash remporte le NAACP Image Award. A la télévision également, un épisode de la série Doctor Who lui a été dédié en 2018 ; et on peut la retrouver interprétée par Llewella Gideon dans la série humoristique Psychobitches en 2013. En 2019, Mattel sort une série de poupées intitulée “Inspiring Women”, parmi lesquelles se trouve une poupée à l’effigie de Rosa Parks.
Sources d'informations
- « Rosa Parks, pas celle que vous imaginez », France Culture, 05/09/20
- « États-Unis : Rosa Parks, la force tranquille de la lutte civique », L’Humanité, 01/12/23
- « Ce jour là : le 1er décembre 1955, Rosa Parks refusait de céder sa place dans un bus », Mathieu Olivier, Jeune Afrique, 01/12/15
- « Rosa Parks », Paul Lepic, Encyclopiedia Universalis [consulté le 09/02/24]
- « Rosa Parks la "mère" du mouvement des droits civiques », Alain Salles, Le Monde, 26/10/05