Né le 15 janvier 1929 à Atlanta et mort à Memphis le 4 avril 1968, assassiné par un suprémaciste blanc, Martin Luther King a marqué l’Histoire par son engagement contre le racisme et pour l’égalité. Son célèbre discours I have a dream (« j’ai fait un rêve ») du 28 août 1963, en faveur d’un pays où règneraient justice et paix pour tous les êtres humains quelle que soit leur couleur de peau, a traversé le temps et continue d’inspirer au-delà des frontières étasuniennes.
Martin Luther King Junior a grandi dans une famille de pasteurs issu du Sud des Etats-Unis ségrégationniste et raciste. Il devient à son tour en 1954 pasteur baptiste, l’une des branches du protestantisme chrétien. Il commence à exercer à Montgomery dans l’Alabama. A peine un an plus tard, éclate l’affaire Rosa Parks. Membre aguerrie du NAACP, l’association qui lutte contre la ségrégation depuis le début du 20ème siècle, la militante est arrêtée et condamnée car elle a refusé de céder sa place à une personne blanche dans un bus, contrairement aux exigences de la législation ségrégationniste.
Les qualités oratoires du jeune pasteur et son dévouement lui permettent alors de prendre la tête du mouvement de soutien à Rosa Parks. Pour protester, il appelle au boycott de la compagnie de bus de la ville. Après un an durant lequel les habitants et habitantes noires de Montgomery marcheront à pied pour marquer leur mobilisation, la Cour Suprême donne officiellement tort à la compagnie. Fort de cette victoire qui lui donne une aura nationale, Martin Luther King fonde en 1957 la SCLC (Conférence du leadership chrétien du Sud) avec d’autres personnalités noires, qui le désigne président.
Inspiré par des personnalités qui prônent la non-violence telle que Gandhi ou la désobéissance civile comme le philosophe Henri-David Thoreau, qui au 19ème siècle avait refusé de payer ses impôts pour protester contre l’esclavage, il revendique l’égalité civile et politique des Noirs, à travers le droit de vote pour tous, la fin de la ségrégation, une meilleure éducation et la justice économique et sociale. En Géorgie et dans l’Alabama, il est brièvement emprisonné alors qu’il mène le mouvement non-violent contre la ségrégation dans l’état.
C’est dans ce contexte qu’il conduit en août 1963 la « marche sur Washington pour l'emploi et la liberté », qui réunit les organisations du mouvement des droits civiques venues interpeler le gouvernement fédéral qui hésite encore à imposer aux états ségrégationnistes les lois qui seules permettront la fin des discriminations, et qu’il prononce son célèbre discours « I have a dream », devant une foule de plus de 250 000 personnes, dont Joséphine Baker, qu’il avait personnellement invitée à intervenir devant le public rassemblé au pied du Mémorial de Lincoln.
Le 14 octobre 1964, Martin Luther King reçoit à 35 ans le prix Nobel de la paix pour son action non-violente contre la discrimination raciale aux États-Unis. Célébré dans le monde entier, il reste aux Etats-Unis un personnage décrié, alors que dans le Sud les pouvoirs locaux et les suprémacistes blancs continuent à s’opposer par la violence à la marche vers l’égalité, et que, au sein du mouvement des droits civiques lui-même, des leaders plus jeunes comme Stokely Carmichael radicalisent leurs positions autour du slogan Black Power !
L’adoption le 6 août 1965 du Voting Rights Act, qui parachève l’édifice juridique des droits civiques en prohibant toutes les restrictions de vote qui ont empêché les Africains-Américains de voter dans le Sud pendant presque un siècle, est pour lui une grande victoire, à laquelle le président Lyndon Johnson tient à l’associer en l’invitant à Washington pour la signature du texte.
Mais pour Martin Luther King, le combat pour l’égalité ne se limite pas aux lois d’interdiction de la discrimination : il lutte pour une égalité réelle, qui ne pourra être atteinte que si la pauvreté est vaincue, alors qu’elle touche de façon disproportionnée les communautés noires dans tout le pays. En 1966, il décide de porter ce combat dans le Nord, en s’installant à Chicago, où il pointe les discriminations systémiques dont sont victimes les personnes noires dans le logement et dans l’emploi. Il vit dans les quartiers pauvres, subit la violence mais continue de prêcher l’action non-violente pour faire avancer l’égalité.
Opposé à la guerre du Vietnam où les USA s’enlisent, il n’hésite pas à appeler les jeunes à l’objection de conscience, et s’aliène une bonne partie du grand public qui le regarde comme un extrémiste, voire un communiste, comme ne cessent de le marteler ses adversaires d’extrême-droite, ainsi que le FBI de J Edgar Hoover qui enquête sur lui depuis son apparition sur la scène publique. En 1967, alors que le pays a connu une flambée d’émeutes contre les violences policières dans les quartiers noirs, il lance une nouvelle campagne, la « Campagne des pauvres », par laquelle il souhaite obtenir des programmes sociaux pour les populations les plus défavorisées, sans distinction d’origine. Cette extension ne fait pas l’unanimité au sein de son mouvement, mais pendant des mois il sillonne les Etats-Unis pour soutenir les luttes sociales et le combat contre l’exclusion.
C’est alors qu’il s’était rendu à Memphis pour soutenir la grève des éboueurs de la ville qu’il est assassiné, le 4 avril 1968, par un militant suprémaciste blanc qui est arrêté quelques jours plus tard. L’annonce de la mort du leader des droits civiques suscite des soulèvements dans tout le pays, et marque pour les Etats-Unis l’un des multiples drames d’une année 1968 qui aura aussi vu l’offensive du Têt au Vietnam, l’assassinat du candidat à l’élection présidentielle Robert Kennedy et la violente répression des manifestations en marge de la Convention Démocrate à Chicago.
Au début des années 1980, un mouvement revendique un jour férié pour marquer l’anniversaire de la naissance de Martin Luther King, soutenu par la chanson à succès de Stevie Wonder « Happy Birthday ». Longtemps hostile à la mesure, Ronald Reagan finit par céder et consacre le troisième lundi de janvier « Martin Luther King Day ». Signe des tensions qui persistent dans le Sud autour de la mémoire de l’esclavage et des droits civiques, dans deux états anciennement sécessionnistes, l’Alabama et le Mississippi, le Martin Luther King Day est couplé avec l’anniversaire de Robert Lee, le leader de la Confédération durant la Guerre de Sécession…
Sources d'informations
Pour en savoir plus :
- Le site du King Center, qui préserve la mémoire de Martin Luther King
- Le texte du discours « I Have A Dream »
- Le texte du dernier discours, prémonitoire, de Martin Luther King à Memphis le 3 avril 1968
- Le clip de Stevie Wonder pour Happy Birthday, qui montre des images d’archives de Martin Luther King