Née le 24 mai 1973 à Mahébourg, village côtier du sud-est de l’île Maurice, Nathacha Apannah est issue d’une famille d’engagés indiens arrivés à la fin du XIXème siècle, les Pathareddy-Appanah. Dans les exploitations agricoles de cette ancienne colonie française passée au Royaume-Uni, le recrutement de travailleurs « engagés » issus principalement de l’Inde anglaise avait remplacé les travailleurs esclaves, après l’abolition de 1833. Bien que juridiquement libres, ces travailleurs étaient en réalité soumis à des conditions proches de l’esclavage.
Nathacha Appanah fait ses premiers pas littéraires à l’île Maurice, avec à l’âge de 17 ans le prix d’un concours littéraire organisé par un journal local. Après des études de journalisme en France, elle débute sa carrière comme secrétaire de rédaction et journaliste dans un hebdomadaire mauricien avant de se lancer en indépendante et de travailler pour plusieurs médias tels que la Radio suisse romande, Géo Magazine ou Viva Magazine.
En 2003, elle publie aux éditions Gallimard son premier roman, Les Rochers de Poudre d’Or , sur l’histoire d’engagés indiens dans les champs de canne de l’île Maurice (prix RFO du livre 2003). Elle poursuit ensuite une œuvre romanesque où s’épanouit son style direct et inspiré, salué par de nombreuses récompenses : le Grand Prix littéraire de l’Océan Indien et du Pacifique pour Blue Bay Place en 2004 ; le prix Fnac 2007, le prix des lecteurs de l’Express 2008 et le prix de la Fondation France-Israël pour Le Dernier Frère (traduit dans plus de 15 langues). En 2019, son septième roman La cible par-dessus le toit fait partie de la sélection du prix Goncourt.
En moins de vingt ans, Nathacha Appanah a créé une œuvre puissante et féministe, ancrée dans la réalité cosmopolite de l’Océan Indien et marquée par les contradictions économiques et sociales de ses sociétés créolisées, au-delà de l’île Maurice : ainsi, en 2016, son roman Tropique de la violence évoque la trajectoire de Moïse, un mineur étranger isolé à Mayotte.
En 2023, Nathacha Appanah est la huitième titulaire de la chaire d’écrivain en résidence de Sciences-Po Paris et succède ainsi à des auteurs tels que Patrick Chamoiseau et Kamel Daoud.