Auguste Lacaussade, le « poète-pays » de La Réunion.
Né le 8 février 1815 à Saint-Denis à l’ile Bourbon, ancien nom de l’Ile de la Réunion, il est le fils d’un avocat bordelais et d’une métisse affranchie, qui a vécu en servitude durant les premières années de sa vie. Très tôt, il est confronté au racisme en raison de ses origines maternelles : lui et sa mère sont refoulés par le proviseur du collège Royal des Colonies lorsqu’elle veut l’y inscrire. Pour poursuivre ses études, il se voit donc obligé de partir à l’âge de 10 ans étudier en métropole, dans un collège à Nantes.
Le racisme et les discriminations qu’il aura subi lui inspireront ses œuvres : il choisira la poésie pour les dénoncer et laver l’affront subi par sa mère mais aussi pour lutter en faveur de l’abolition de l’esclavage. De retour à la Réunion après ses études secondaires, il ne songe qu’à retourner en métropole, pour poursuivre ce combat et devenir écrivain. C’est donc à Paris qu’il publie ses premiers vers, dans « La Revue de Paris », avant de sortir en 1839 son premier recueil de poésies intitulé Les Salaziennes et se poser en chantre d’une créolité nourrie par la poésie romantique et le souvenir des chants des esclaves de Bourbon.
De retour à Paris en 1844, il rallie le camp des abolitionnistes groupés autour de Victor Schœlcher, il publie des textes anti-esclavagistes et il accueille avec enthousiasme la révolution de 1848. Alors que la 2ème République s’apprête à lancer les travaux pour l’abolition de l’esclavage, il signe avec d’autres jeunes créoles de l’île, un texte saluant l’émancipation prochaine, qui sera enfin confirmée par le décret du 27 avril 1848, qui n’entrera en application à La Réunion que le 20 décembre suivant, soit deux mois après la réception dans l’île du décret, comme le prévoyait ce texte.
En 1852, paraissent les pièces majeures d’Auguste Lacaussade, rassemblées dans le recueil Poèmes et Paysages, dans lequel plusieurs poèmes condamnent le racisme et l’esclavage. Il publie encore un recueil, Les épaves, en 1862, qui est son testament littéraire : il ne publiera plus rien ensuite.
En 1870, il est nommé conservateur de la bibliothèque du ministère de l’instruction publique, puis bibliothécaire à la bibliothèque du Sénat, fonction qu’il exercera jusqu’à sa mort le 31 juillet 1897 à Paris ; il n’avait plus revu sa terre natale depuis plus d’un demi-siècle.
Inhumé le 2 août suivant au cimetière du Montparnasse, sa dépouille sera finalement ramenée en 2006 dans son île, dans le cimetière paysager d’Hell-Bourg à Salazie, village dans les Hauts de La Réunion. Depuis, l’association des Amis de Lacaussade œuvre à l’étude de sa vie et travaille à faire connaître les œuvres de ce poète qui a donné sa voix aux aspirations à la liberté à La Réunion au 19ème siècle.