Le 12 septembre 1913, Jesse Owens, l’un des plus grands athlètes de tous les temps, voit le jour aux Etats-Unis, en Alabama. Ce petit-fils d’esclave va marquer l’histoire du sport américain et de l’athlétisme mondial, et se heurter aux injustices qui minent alors son pays.
Malgré son mauvais état de santé dû à la pauvreté, Jesse Owens est vite repéré par l’un de ses professeurs pour ses aptitudes physiques hors normes. Les entraînements commencent dès l’école primaire, parfois très tôt le matin, en plus des cours et des travaux dans les champs.
En 1935, étudiant à l'université, il entre dans l’histoire en battant 5 records du monde d'athlétisme au cours d'une seule et même compétition.
La consécration arrive en 1936. Malgré des pressions de la part des militants des droits civiques qui appellent au boycott des Jeux par les athlètes Africains-Américains faisant ainsi le parallèle entre l’Allemagne nazie et les Etats-Unis ségrégationnistes des années 30, Owens se rend à Berlin. Il s’adjuge quatre médailles d’or (100m, 200m, relais 4x100m et saut en longueur). L’exploit sportif est immense, tout comme sa portée symbolique : en remportant ces épreuves sous les yeux d’Adolf Hitler qui voulait faire de ces Jeux la démonstration de la supériorité de la race aryenne, Owens devient un puissant symbole anti-raciste.
A son retour aux Etats-Unis, l’accueil n’est pourtant pas à la hauteur de sa performance exceptionnelle. Le Président Franklin Roosevelt refuse de la recevoir à la Maison Blanche, contrairement aux athlètes blancs. Il est ensuite suspendu à vie par le comité olympique américain alors dirigé par Avery Brundage sous l’infime prétexte qu’il a déserté la tournée européenne des athlètes américains.
Owens continue de courir dans des spectacles qui l’opposent à des chevaux ou des voitures. Il s’essaye au chant et à la danse, il est pompiste dans une station-service… Lorsque Tommie Smith et John Carlos lèvent leurs poings aux JO de Mexico en 1968 en signe de protestation contre les discriminations et les inégalités raciales aux Etats-Unis, il les critique, ne comprenant pas la forme leur engagement - il reviendra sur ce jugement quelques années plus tard dans ses mémoires.
Le président Gérald Ford le décore de la Médaille de la Liberté en 1976, mais Jesse Owens décède d’un cancer des poumons en 1980 à 66 ans. Aujourd'hui, une rue et une école portent son nom à Berlin, et un musée est dédié à sa mémoire en Alabama.
Sources d'informations
- Les athlètes africains-américains aux Jeux de Berlin en 1936
- Film : La couleur de la Victoire (Race) réalisé par Stephen Hopkins (Jesse Owens aux Jeux de Berlin)
- Jesse Owens : film et documents sur le site de PBS
- Champions noirs, racisme blanc : la métropole et les sportifs noirs en contexte colonial (1901-1944) par Timothée Jobert, édition PUG.