Joseph Marc Davy Maunick
Né le 23 septembre 1931 à Flacq à l’île Maurice, Joseph Marc Davy Maunick, dit Edouard Maunick, s’est éteint le samedi 10 avril 2020 à Paris à l’âge de 89 ans. Considéré comme un « poète nègre de la deuxième génération » par Léopold Sédar Senghor qu’il fréquenta, il sera également journaliste et diplomate.
Issu d’une famille modeste et métisse, il fait comme beaucoup d’intellectuels de l’île Maurice officiellement anglophone – et notamment le plus connu d’entre eux, Malcolm de Chazal – le choix de la langue française pour son œuvre, entamée avec la sortie de son premier recueil « Ces oiseaux de sang », publié en 1954. Dans celui-ci, il évoque son amour pour son pays natal profondément marqué par les métissages, à l’instar de La Réunion, l’autre grande île de l’archipel des Mascareignes.
Après ses études, il exercera le métier d’enseignant de 1951 à 1958, puis de bibliothécaire à Port-Louis avant de prendre la décision de partir vivre à Paris à 30 ans. Installé dans la capitale de l’ancienne puissance coloniale de l’île Maurice (alors Isle de France, entre 1715 et 1810), il écrit, fréquente Alioune Diop et l’équipe de la revue Présence Africaine, devient producteur sur France-Culture et RFI, animateur de l’émission télévisée Forum des Arts à rédacteur en chef des revues Demain l’Afrique et Jeune Afrique.
L’homme qui s’était donné comme mission de découvrir le monde en quittant son île occupera ensuite la fonction de directeur des échanges culturels à l’Unesco, avant d’être nommé ambassadeur de l’île Maurice en Afrique du Sud après le changement de régime en 1994. Il put ainsi présenter ses lettres de créances à Nelson Mandela, auquel il avait rendu hommage dans le recueil Mandela mort ou vif en 1987. Il séjournera ainsi à Prétoria pendant 12 ans avant de retrouver Paris en 2009.
Au cours de sa vie, il recevra plusieurs prix littéraires, notamment le prix Guillaume-Apollinaire (pour le recueil Ensoleillé vif, en 1977, auquel Léopold Sédar Senghor avait donné en préface un texte majeur dans lequel il célébrait la « négritude métisse » de Maunick) et le Grand Prix de la francophonie en 2003 pour l’ensemble de son œuvre. Un prix mauricien de poésie porte son nom depuis 2016.
Il était également le père de Jean-Paul Maunick, alias Bluey, leader du groupe d’acid-jazz Incognito.
Sources d'informations
En savoir plus :
A lire : Anthologie personnelle (Actes Sud, 1989), dans laquelle Edouard Maunick propose une sélection de ses meilleurs poèmes