Christiane Eda-Pierre, chanteuse soprano martiniquaise et immense voix de l’opéra s'est éteinte à l’âge de 88 ans le dimanche 6 septembre 2020 dans les Deux-Sèvres.
Lorsqu’elle débute sa carrière, elle est la seule cantatrice noire de France, après Germaine Lubin (1890-1979), dont le père était d’origine guyanaise – mais qui préféra toujours taire cette origine.
Christiane Eda-Pierre est née en 1932 dans une célèbre famille martiniquaise. Elle était en effet la fille de William Eda-Pierre, un ingénieur et journaliste au Courrier des Antilles, tôt disparu, et d’Alice Nardal, une professeure de musique, qui était la jeune sœur de Paulette et Jeanne Nardal, fondatrices de « La revue du monde noir » et pionnières de la Négritude. Christiane Eda-Pierre dira que ce fut son grand-père, né 16 ans après l’abolition de l’esclavage, qui lui a communiqué l’amour de la musique, tout comme sa grand-mère qui était organiste.
Après avoir connu enfant « An tan Wobè », le temps de l’Amiral Robert, gouverneur représentant de l’Etat Français dans les Antilles sous l’occupation, elle rejoindra l’hexagone en 1950, à 18 ans. Elle sort du Conservatoire avec trois premiers prix : chant, opéra, opéra comique en 1957.
Celle qui se destinait pianiste, transgresse tous les a priori et s’impose comme une soprano internationalement reconnue, la première Antillaise à triompher sur les scènes des opéras du monde entier.
Très éclectique dans ses choix, elle marquera l’histoire de la musique dans son rôle phare de l’Ange de Messiaen qui l’écrivit pour elle dans son opéra Saint François d’Assise.
Mozartienne de haut vol dans le rôle de Papagena dans La Flûte enchantée, elle partira à la conquête du monde en 1966. De Vienne à Salzbourg, de New York 1976, aux côtés de L. Pavarotti dans Rigoletto, à Central Park devant 250 000 spectateurs, à Moscou, Chicago, et Londres. Elle sera en 1977 une Antonia inégalée dans Les contes d’Hoffman, dans une mise en scène par Patrice Chéreau.
En 1985, elle fait ses adieux à l’opéra en chantant une dernière fois la Clémence de Titus et se consacre avec beaucoup d’engagement à l’enseignement de son art à la Schola Cantorum et au Conservatoire national supérieur de Paris de 1978 à 1997.
Aujourd’hui, le collège de Morne-Rouge en Martinique porte son nom.
Sources d'informations
Biographie, interviews :
- https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/la-cantatrice-christiane-eda-pierre-est-decedee-868400.html
- https://www.forumopera.com/livre/christiane-eda-pierre-une-vie-dexcellence-un-parcours-dexception
- https://www.academie-villecroze.com/fr/jeunes-talents/professeurs/christiane-eda-pierre
- Entretien avec Frédéric Lodéon à Radio France et informations très documentées
- Interview sur Quobuz
- https://www.madinin-art.net/la-cantatrice-christiane-eda-pierre-est-decedee/
Film documentaire : Le choix d’Eda de Jill Servant
Bibliographie :
- Christiane Eda-Pierre, une vie d'excellence, par Catherine Marceline, chez l’auteure (Fort-de-France 2019)
Discographie :
- Hector BERLIOZ, Les opéras: Benvenuto Cellini, les Troyens…, Universal Classique, 2001
- Jean Sébastien BACH, Magnificat, Universal Classique, 2001
- Jean Philippe RAMEAU, Dardanus, Wea, 1994
- Hector BERLIOZ, Benvenuto Cellini, Universal Classique, 1988
- Wolfgang Amadeus MOZART, L’enlèvement au sérail, Polygram, 1991, Universal, 1995, Universal, 1978
- Wolfgang Amadeus MOZART, Cosi Fan Tutte, Polygram, 1995
- Olivier MESSIAEN, Saint François d’Assise, M10, 2001
- Ludwig van BEETHOVEN, Missa Solemnis, Universal, 1997
- Dietrich Ehrahrdt INGHELBRECHT, Requiem, WPM, 1996