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Camille Mortenol

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Genre
Homme
Naissance
1859
Décès
1930
Activité
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capitaine de vaisseau

Camille Mortenol est une légende de l’histoire militaire française. Natif de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, ce fils d’esclave affranchi intègre l’Ecole Polytechnique en 1880. Dès 1891 et pendant plus de 25 ans, il sert l’armée française au sein de la Marine, de l’armée de terre et de l’armée de l’air, de la conquête coloniale à la Première Guerre mondiale.
 

Le 15 décembre 1995, une statue de bronze érigée à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe célèbre une figure remarquable de l’histoire militaire française. Il s’agit du capitaine de vaisseau Camille Mortenol, né en 1859 à Point-à-Pitre et fils d’un esclave affranchi en 1848, année où sera proclamée l’abolition de l’esclavage sous l’impulsion du député abolitionniste Victor Schoelcher. Victor Schoelcher joue d’ailleurs un rôle déterminant dans la vie de Camille Mortenol, alors collégien aux aptitudes si remarquables que Schoelcher lui obtient une bourse d’études pour intégrer un lycée de Bordeaux. Pour Camille Mortenol, c’est le début d’un destin exceptionnel.


En 1880, Camille Mortenol est le deuxième homme noir reçu au concours de l'École Polytechnique, avant d’embrasser une carrière d’officier de Marine et de s’engager en 1891 dans la guerre de Chine. Sous les ordres du Maréchal Galliéni, alors administrateur colonial, Camille Mortenol participe dès 1894 à la conquête coloniale de Madagascar aux Comores, du Gabon au Congo, puis en Extrême-Orient. Son service remarquable à Madagascar lui vaut d’être distingué de la médaille de Chevalier de la Légion d’honneur. En 1901, il intervient dans la révolte des Boxers, survenue en réaction au démantèlement de la Chine par les puissances occidentales, il sauve un torpilleur allemand et son équipage et reçoit l’ordre de la couronne de Prusse remis par l’empereur Guillaume II. Récompensé pour ses hauts faits d’armes, il n’est pas pour autant élevé à un grade supérieur : “Il n’a jamais commandé en chef un navire de premier rang, il n’a jamais été élevé au rang d’amiral, de vice-amiral ou de contre-amiral comme la légende a pu le laisser croire.” [Chalaye, 2005]


Il lui faudra attendre la Grande Guerre pour entrer dans la postérité. En 1915, c’est encore une fois aux côtés du Maréchal Gallieni, nommé Gouverneur militaire de Paris puis Ministre de la Guerre, que Camille Mortenol rejoint l’effort de guerre. Loin de sa carrière d’officier de Marine, Camille Mortenol assure alors la défense Paris et prend le commandement de la Défense Contre Aéronefs du Camp Retranché de Paris. Si cette nomination déçoit vivement Camille Mortenol, le capitaine de vaisseau excelle néanmoins dans la lutte anti-aérienne face aux raids de bombardements des zeppelins allemands. Dans un contexte où les progrès industriels de l’aéronautique, Camille Mortenol va repenser les stratégies de défense aérienne de Paris : usage de projecteurs pour aveugler les avions allemands, amélioration du renseignement télégraphique et prise en chasse par les avions de défense. A défaut de s’illustrer en mer, Camille Mortenol est élevé au grade de Colonel dans la Réserve de l’Artillerie de Terre et entre dans l’histoire militaire française.


Au lendemain de sa participation héroïque à la défense aérienne de Paris, Camille Mortenol prend sa retraite de l’armée française et rejoint bientôt la lutte anticolonialiste aux côtés du militant sénégalais Lamine Senghor. Il reste encore aujourd’hui une figure ambiguë, entre légende et histoire, entre assimilationisme et anticolonialisme.

Sources d'informations

- Oruno D. Lara, Mortenol ou les infortunes de la servitude, éd. L’Harmattan, 2001.

- Sylvie Chalaye, “Mortenol, le marin qui défendit le ciel de Paris”, dans Africultures 2005/3 (n° 64), pages 124 à 127. Accéder à l’article.

- Rachid Bouchareb et Pascal Blanchard (ACHAC), “Camille Mortenol (Guadeloupe, 1859-1930) : le défenseur antillais de Paris”, raconté par Pascal Légitimus, série “Frères d’Armes. Ils se sont battus pour la France depuis plus d’un siècle…” Tessalit Production, 2014. Visionner le film.

-  Jacques-André Lesnard,  "Sosthene Mortenol ou les vertus et les limites de la méritocratie à la fin du XIXème siècle." in Le jaune et le rouge, 2022.

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