Alphonse de Lamartine est l’une des grandes figures du romantisme français, mais aussi du mouvement abolitionniste français au 19ème siècle. Ecrivain, homme politique, il participe activement à la révolution de 1848 et à l’abolition de l’esclavage.
Alphonse de Lamartine naît le 21 octobre 1790 à Mâcon en Bourgogne, et grandit au sein d’une famille noble mais modeste dans le village de Milly - rebaptisé depuis Milly-Lamartine. Son père, Pierre de Lamartine, fervent royaliste opposé à Napoléon Bonaparte, gère le vignoble de Milly dont il a hérité. Sa mère, Alix des Roys, fille de la sous-gouvernante des enfants d'Orléans à Paris, possède toutefois une solide culture classique et religieuse. Cette enfance en milieu rural et pieux inspirera à Lamartine son œuvre poétique. Jusqu’en 1800, il étudie à l’école paroissiale de Bussière auprès de l’abbé Dumont, avant d’intégrer un internat de Lyon dont il s’évade en 1802. C’est auprès des Pères de la Foi du collège de Belley, dans l’Ain, que Lamartine s’assagit et découvre les œuvres d’Horace, Virgile, Chateaubriand ou Madame de Staël. De retour à Milly en 1808, il mène une vie dissipée, oisive et mélancolique, empêché par sa famille de servir Napoléon. En 1811, il voyage en Italie où il rencontre une jeune femme napolitaine, la muse de son roman Graziella paru en 1848. A la Restauration, il occupe brièvement une fonction militaire auprès de Louis XVIII, avant de s’exiler en Suisse pendant les Cent-Jours.
Sa vocation littéraire s’impose à son retour, dès 1815, avec la tragédie Médée et ses premières élégies. En 1816, en cure à Aix-en-Savoie, Lamartine rencontre une femme mariée, Julie Charles. L’idylle s’achève tragiquement à la mort de Julie en 1817 et cette blessure inspire à Lamartine ses Méditations poétiques, paru en 1820, qui signe son entrée remarquée dans le mouvement romantique. La même année, il est nommé attaché d’ambassade en Italie et son œuvre florissante le conduit à intégrer l’Académie française en 1829.
L’année suivante, il se rallie à la monarchie de Juillet. Député de 1833 à 1851, il mène sa carrière politique sans s’éloigner de l’écriture avec la publication du Voyage en Orient en 1832 – dont un poème est consacré à la mort tragique de sa fille Julia, et de l’épopée humaniste et mystique Jocelyn, en 1836.
Il est alors l’une des principales voix du mouvement abolitionniste français. En 1834, il fait partie des 27 fondateurs de la Société française pour l'abolition de l'esclavage, dont il est l'un des orateurs les plus influents de la société à la Chambre des Députés de la Monarchie Juillet. Il y prononce plusieurs discours parlementaires anti-esclavagistes plus tard publiés en livre.
Peu à peu, Lamartine délaisse le royalisme pour le républicanisme et s’oppose à la monarchie de Louis Philippe. Orateur remarquable, il est au premier plan de la Révolution de 1848 et de la proclamation de la Seconde République, qu’il incite à choisir le drapeau tricolore plutôt que le drapeau rouge. Partisan d’une réforme sociale profonde, il se bat pour l’abolition de la peine de mort et joue un rôle très actif auprès de Victor Schoelcher dans ce qui deviendra le décret du 27 avril 1848 portant abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, qui porte sa signature.
Mais son engagement contre l’esclavage sera aussi littéraire : dans les années 1840, il écrit une pièce en vers sur Toussaint Louverture. Elle ne sera donnée qu'en 1850, avec le grand acteur (représenté dans le film de Marcel Carné Les Enfants du Paradis) Frederick Lemaître dans le rôle-titre, pour lequel il est grimé en noir. La pièce est un échec public. Dans son étude parue en 1998, le spécialiste de Lamartine Léon-François Hoffman attribue cet échec au fait que "à l'époque, et pour longtemps encore le Noir est (au théâtre) un personnage qui inspire le rire, voire la dérision"", ce qui n'est pas le cas du Toussaint de Lamartine.
Sa carrière politique s’interrompt avec le coup d’état de 1851. Criblé de dettes, Lamartine se consacre à produire des œuvres « alimentaires » mineures, jusqu’à sa disparition le 28 février 1869, oublié des mondes politique et littéraire.
Aujourd'hui, la mémoire abolitionniste de Lamartine est entretenue en Saône-et-Loire, à Mâcon où il est né, à Milly-Lamartine où il a vécu, et à Saint-Point où était son château.
Sources d'informations
- Le site que le Pôle mémoriel du Grand Est consacre à Lamartine abolitionniste.
- Maurice Levaillant, “Alphonse de Lamartine” pour le média en ligne La République des Lettres.
- Pierre Ropert, “Lamartine, Hugo, Dumas : l'abolition de l'esclavage dans la littérature romantique” publié sur France Culture le 9 mai 2017.
- Le recueil de ses discours abolitionnistes.
- Henri Guillemin, série de deux dossiers historiques consacrés à Alphonse de Lamartine (1959) mis en ligne sur Youtube par les Archives de la RTS en mai 2020 : Partie 1 & Partie 2.