En bref
L'hôpital militaire de Port Louis se situe dans la capitale de Maurice. Il prend place en hauteur, proche du port sur le front de mer actuel.
L'hôpital militaire fut construit en 1735, sous l'administration coloniale du gouverneur français Mahé de Labourdonnais. Sa création répond à l'insuffisance du premier hôpital et son emplacement fut choisi de par sa proximité avec le port, pour y rapatrier rapidement les soldats ou officiers blessés.
Historique
Estimé comme l'un des plus beaux édifices de l'époque, l'hôpital constitué de quatre bâtiments a également été pensé pour être converti en entrepôt, selon les besoins de l'époque. Labourdonnais se préoccupait en effet personnellement du bon fonctionnement de l'hôpital avec une visite quotidienne, chaque matin.
Les soldats européens étaient logés à l'étage tandis que le rez-de-chaussée accueillait les esclaves, dans deux petites salles. Entre 1737 et 1744, soldats, ouvriers et esclaves étaient soignés à l'hôpital militaire dans des proportions relativement égales. Mais en 1750, les malades augmentèrent considérablement : il s'agissait pour la majorité de plusieurs centaines de captifs, venant du Sénégal dans un très mauvais état.
Les différences de traitement se firent sentir rapidement, même dans le cadre sanitaire : les pénuries de nourriture impactaient en premier les personnes mises en esclavage, déjà mal-nourries d'ordinaire, et celles-ci se rétablissaient moins vite que les Européens. On estimait qu'un marron aurait plus de chances de survie dans les bois que dans les hôpitaux.
Le chirurgien en chef de l'hôpital, Jean Barthelemy Dazille, fut à l'origine de l'amélioration de leurs soins en alertant sur la malnutrition des esclaves qui reconnaissait que leur état de santé était lié à leur condition d'esclave et non pas aux "habitudes des Africains" comme le pensaient la plupart des colons.
Les cyclones et la guerre franco-britannique endommagèrent significativement les bâtiments de l'île, dont ceux de Port-Louis. Mais dès 1782, la variole se répandit et les malades augmentèrent de façon exponentielle. Il fut alors décidé de construire un hôpital spécialement pour les esclaves, afin de les séparer des soldats. Cette décision fut grandement critiquée : beaucoup de colons désapprouvaient la construction d'un bel hôpital neuf alors que celui des Blancs n'était pas suffisant.
Sous l'occupation britannique, l'hôpital fut transformé en bagne pour les esclaves marrons. Il redevint plus tardivement un hôpital civil, après l'abolition de l'esclavage à Maurice, en 1835.
Mémoire
Plus ancien bâtiment de l'île, l'hôpital militaire fait l'objet de recommandations de restauration et de réhabilitation par la Commission Vérité et Justice en 2011.
Site multiculturel entre les ouvriers qui l'ont bâti, les patients européens et ceux esclaves qui y étaient soignés, l'hôpital militaire de Port Louis est en chantier pour accueillir le futur Musée Intercontinental de l'Esclavage (ISM).
Par ce projet, la Commission vise ainsi à faire de l'ancien hôpital un site de réconciliation nationale entre la population et son sombre passé.
Porté par la société de l'Intercontinental Slavery Museum Limited Mauritius, le musée vise à :
- proposer une expérience unique de tragédie humaine, de résistance et de survie
- briser les chaînes de legs de l'esclavage pour dévoiler la vérité vers la justice et la réconciliation
Situé dans la zone tampon du site Patrimoine mondial UNESCO de l'Aapravasi Ghat, l'ancien hôpital bénéficie d'une protection et devient le lieu idéal pour mettre en récit les différents pans de l'histoire de l'esclavage et de l'engagisme de Maurice.
Source d'information
- Livret L'Hôpital militaire de Port Louis, architecture et histoire, ISM Mauritius & Centre for Research on Slavery and Indenture, University of Mauritius
- Livret Fer memwar-bann sit asosie ar lesklavaz dans Moris/Les lieux de mémoire de l'esclavage à Maurice, Ministère des Arts et du Patrimoine Culturel
- Page Facebook de l'Intercontinental Slavery Museum Ltd