En bref
Situé sur la Place du 22 Mai 1848, l'œuvre de Khôkho René-Corail est inaugurée en 1971 par la municipalité de Fort-de-France.
La structure métallique se fixe à un pan de mur enduit de crépis, dont l'enchevêtrement de plaques et barres de métal sombres figure un corps féminin combatif.
Créateur de l'œuvre Khokho René-Corail
Historique
L'œuvre monumentale ne résulte pas d'une commande de la municipalité mais bien du désir d'expression de Khôkho René-Corail, comme la totalité de ses œuvres. Le maire de Fort-de-France de l'époque, Aimé Césaire, l'acquiert et l'installe dans le quartier de Trénelle, sur la place du 22 Mai, nommée d'après la date de l'application du décret de l'abolition de l'esclavage en Martinique.
Le jour de l'inauguration, Aimé Césaire tint un discours saluant le geste de l'artiste qui contribue à la restitution et la visibilisation de l'histoire de l'esclavage, ses luttes et ses abolitions.
L'œuvre représente donc une esclave insurgée brandissant d'une main les armes, tout en tenant le corps sans vie de son enfant dans l'autre. Les bouts de métal, pointus et agressifs, révèle la violence du combat et de la résistance.
Mémoire
La représentation conceptuelle d'une femme esclave qui prend les armes institue un renversement notable pour l'époque (années 70) puisque la commémoration de l'abolition était jusqu'à présent traditionnellement portée à travers la figure de Victor Schoecher, aujourd'hui très controversée en Martinique.
En effet, la statue de Khôkho René-Corail permet la réappropriation de l'histoire par les Martiniquais et tous les descendants d'esclaves : bien que Schoelcher soit le rédacteur de l'abolition définitive de l'esclavage en 1848, celui-ci s'inscrit dans les combats et luttes menés par les esclaves eux-mêmes pour leur propre liberté, à travers des révoltes amorcées dès les premiers colons jusqu'à la proclamation du décret.
Cette œuvre est l'une des premières à remédier à l'occultation des esclaves et marrons héroïques dans le discours et l'espace public. Khokho René-Corail en devient précurseur en plaçant l'ancien esclave dans une position active par rapport à son émancipation.
Source d'information
- FME
- Site web de l'Association internationale des critiques d'art Caraïbes du Sud
- Site web du Réseau Canopé
- Lalouette, Jacqueline. Les statues de la discorde. Passés composés / Humensis, 2021.
- Béral, Béatrice. Les œuvres monumentales en Martinique autour de l'esclavage. Université Antilles Guyane, 2011.