historique des quadrilles créoles

Le quadrille est une danse de bal et de salon d’origine européenne née au XVIIIe siècle, en vogue du début du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale. Alors que cette danse est tombée en quasi-désuétude en France hexagonale, la forme créole du quadrille est encore pratiquée en outre-mer.

Élaborés dans les colonies françaises des Antilles à partir de la fin du XVIIIe siècle, les quadrilles créoles sont des danses de société issues de recréation, par les populations originaires d’Afrique mises en esclavage, des quadrilles que les colons ont apporté de France. Reprenant les structures du modèle européen - un carré de quatre ou huit danseurs disposés en couples, enchaînant plusieurs figures offrant à chaque fois un déplacement et une relation avec un/e partenaire -, les personnes en esclavage, les affranchis et leurs descendants les ont enrichies de transformations rythmiques, chorégraphiques et vocales, liées pour certaines à leurs cultures d’origine.
 
Affirmant ainsi, dans une revendication tant esthétique qu’anthropologique, leur égalité de talents et par là même leur égalité tout court avec leurs maîtres, ils ont créé au fil des décennies un répertoire nouveau de ‘quadrilles créoles’, implanté dans tous les territoires des « vieilles colonies » de l’empire français (Antilles, Guyane, Réunion) - avec des variantes stylistiques selon leur localisation.
 
Pendant près de deux siècles, ces danses pratiquées largement et transmises lors de bals hebdomadaires (balakadri, bals quadrille en Guadeloupe et bal wottay, bal haute-taille en Martinique) ont représenté un élément important de la sociabilité créole.
 
Malgré une nette désaffection à partir des années 1970, les quadrilles créoles sont toujours vivants, et désormais dansés au sein d’associations culturelles dédiées, par des danseurs pour lesquels cette pratique représente une part essentielle de leur identité créole.

Les danses quadrilles font l’objet d’une inscription au Patrimoine culturel immatériel français.

Tiré des fiches d’inventaire pour le PCI, par Isabelle Calabre

Pour plus d'informations :

  • Dominique Cyrille a réalisé en 2006 une collecte des quadrilles de Guadeloupe qui a donné lieu à la publication de l’ouvrage : Alarèpriz, Une étude des quadrilles de Guadeloupe, 2008, Éditions Nestor
  • Dominique Cyrille, dossier « Les Quadrilles de la Caraïbe », 2018, lameca.org
  • Dominique Cyrille, Musique, danse et résistance en Guadeloupe et en Martinique, Africultures, Août 2014
  • Dominique Cyrille ,The Politics of quadrille performance, DanceResearchJournal, vol.38, n°½,Summer-Winter 2006, p.43-60
  • Du Tertre Jean-Baptiste, Histoire générale des Antilles, T.1 et 2, 1667
  • Fallope Josette, Esclaves et citoyens, Les Noirs à la Guadeloupe au XIXe siècle, thèse publiée à la Société d’Histoire de la Guadeloupe, 1992
  • Granier de Cassagnac Bernard-Adolphe, Voyage aux Antilles, 1ère Partie, Paris, 1842
  • Guilcher Jean-Michel, La Contredanse, un tournant dans l’histoire française de la danse, Paris, Éditions Complexe et Centre national de la danse, 2003
  • Lafontaine Marie-Céline, Balakadri ou le Bal de quadrille au commandement de la Guadeloupe, un sens, une esthétique, une mémoire, Présence Africaine, nouvelle série, n° 121-122, 1er et 2e trimestres 1982
  • Manuel Peter, Creolizing Contradance in The Caribbean , Temple University Press, Philadelphia, 2009
  • Maurer Bill, Caribbean Dance : Resistance, colonial discourse and subjugated knowledges, New westIndian Guide, vol.65, n°½, 1991, p.1-26
  • Niort Jean-François, Les libres de couleur dans la société coloniale ou la ségrégation à l’oeuvre (XVIIe - XIXe siècles), Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe, n° 131, janvier-avril 2002, p. 61-111
  • Régent Frédéric, Les Maîtres de la Guadeloupe, Propriétaires d’esclaves 1635 - 1848, Tallandier, 2019
  • Sweed John F. & Marks Morton, The Afro-American Transformation of European Set Dances and Dance Suites, Dance Research Journal,vol.20(1), Summer 1988, p.29-36
  • Uri Alex et Françoise, Musique et musiciens de la Guadeloupe, Le Chant de Karukera, 1991