Marie Gouze, dite Olympe de Gouges
Née le 7 mai 1748 à Montauban sous le nom de Marie Gouze, Olympe de Gouges est une héroïne révolutionnaire considérée comme l’une des premières féministes françaises, mais elle fut également une adversaire résolue du système esclavagiste.
Peu de temps après s’être mariée en 1765 avec un certain Louis Aubry, Marie devient veuve. Elle décide alors de changer de nom pour Olympe de Gouges, et part vivre à Paris avec son fils. A une époque où une femme qui demeure célibataire est regardée comme une prostituée, elle assume son indépendance en refusant de se marier, pour pouvoir rester libre de ses actes et de ses écrits. Car dans la capitale, elle fréquente les salons, elle rêve de devenir femme de lettres et s’intéresse aux idées nouvelles.
La lutte contre l’esclavage sera la première cause qu’elle défendra comme autrice : en 1784, elle rédige la première pièce du théâtre français dénonçant ce système qui est alors à son apogée, et générait des fortunes colossales pour ceux qui en bénéficiaient, nombreux dans les milieux parisiens. Intitulée Zamore et Mirza ou l'Esclavage des Noirs, la pièce conte l’histoire d’un couple de marrons refugiés sur une île déserte pour échapper aux sévices de leurs maîtres, et qui seront secourus par deux jeunes Français. Inscrite l’année suivante au répertoire de la Comédie Française, elle n’y sera pas jouée avant la Révolution, du fait de son message d’égalité et de fraternité entre Blancs et Noirs jugé sulfureux par beaucoup.
Elle prolonge son engagement trois ans plus tard, en publiant ses Réflexions sur les hommes nègres, et en fréquentant les animateurs de la Société des Amis des Noirs. Sous la Révolution, elle reviendra encore sur ce thème en rédigeant une nouvelle pièce en faveur de la cause abolitionniste, Le Marché des Noirs.
Libre, fière, pétrie des idéaux des Lumières, elle répond en 1791 à l’universalisme hémiplégique de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui n’appliquait ses principes de liberté et d’égalité qu’aux hommes, par une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qui reste l’un des grands textes fondateurs du féminisme moderne, dont l’article 1er proclame : « La femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme. »
Engagée pleinement dans les débats de la Révolution, elle prendra le parti des Girondins et publiera des pamphlets contre Marat et Robespierre. Accusée d’attenter à l’indivisibilité de la République, elle est condamnée à mort par la Terreur, et exécutée le 3 novembre 1793. Elle est alors la deuxième femme guillotinée, après Marie-Antoinette à laquelle elle avait dédié sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Dans une étonnante ironie de l’histoire, son fils Pierre Aubry de Gouges sera envoyé en 1802 par Bonaparte en Guyane, au moment où Victor Hugues, capitaine général de la colonie, est en train d’y rétablir l’esclavage qu’Olympe de Gouges avait tant combattu de son vivant… P. Aubry de Gouges tomba rapidement malade, et c’est sur cette terre de nouveau esclavagiste qu’il décéda, quelques mois après son arrivée.
Oubliée par les républicains et longtemps ignorée par les historiens, Olympe de Gouges est aujourd’hui reconnue comme une figure majeure de l’engagement des femmes dans la Révolution Française, et son nom est régulièrement évoqué pour entrer au Panthéon.