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chevalier de saint george
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Genre
Homme
Naissance
1745
Décès
1799
Activité
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Métis et descendant d’une femme en esclavage, Joseph Bologne, dit le Chevalier de Saint-George, est parvenu au Siècle des Lumières à devenir un escrimeur émérite, un violoniste virtuose, un chef d'orchestre et brillant compositeur, et un officier de la Révolution française.


Il naît en Guadeloupe vers 1745. Sa mère a le statut d’esclave, son père est un riche planteur colonial nommé Georges de Bologne Saint-Georges, qui aurait été contraint de quitter l’île à la suite d’un duel, emportant avec lui son fils Joseph. Ce dernier reçoit une éducation d’aristocrate à Paris, où il combine entraînement à l’épée avec l’apprentissage du violon, qu’il pratique en virtuose. 


La plupart de ses compositions instrumentales, publiées entre 1771 et 1789, ont été écrites dans sa jeunesse. Il compose six opéras et dirige de grands orchestres parisiens : le Concert des Amateurs (dont il était initialement premier violon), l’orchestre de Madame de Montesson, le Concert de la Loge Olympique ou encore le Cercle de l’harmonie. Le Chevalier de Saint-George est populaire à l’échelle européenne, et devient un favori de la reine Marie-Antoinette qui le propose comme directeur de l’Académie royale de musique (aujourd’hui Opéra de Paris). Mais sa couleur de peau déclenche un véritable scandale et il ne sera jamais nommé à ce poste.


Escrimeur hors-pair, à l’âge de seize ans il remporte une victoire sur le célèbre maître d’armes Alexandre Picard. Il a souvent été comparé à Giuseppe Tartini, virtuose du violon italien lui aussi  épéiste d’exception. En 1787, le duel qui l’oppose à Londres au Chevalier d’Eon, autre célébrité du moment, est un événement qui fait sensation dans toute l’Europe.


Il passe le début de la Révolution à Lille. Lorsque la France est attaquée par les armées européennes, il s’engage pour la défense du territoire français à la tête de la « Légion franche des Américains » qu’il a initiée et qui est composée d’hommes de couleur acquis aux idéaux d’égalité de la Révolution comme lui. Cette « légion Saint-George » comptera notamment dans ses rangs l’officier métis Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, le futur Général Dumas et père de l’écrivain Alexandre Dumas.


Mais, victime des conséquences de l’Affaire Dumouriez en 1793 (général de l’Armée du Nord qui avait trahi la Convention), il est arrêté et emprisonné. Libéré au bout d’un an, il est privé de ses commandements. On perd alors sa trace. Certains affirment qu’il se serait rendu à Saint-Domingue, dans la colonie où Toussaint Louverture était en train d’étendre son pouvoir. Mais c’est à Paris qu’il décède le 12 juin 1799. Sa mort fut signalée dans les journaux, mais on ignore aujourd’hui où il a été enterré. Trois ans plus tard, Napoléon Bonaparte rétablit l’esclavage et purge l’armée française de tous ses officies noirs. La mémoire du chevalier de Saint-George s’efface. 


Mais sa destinée extraordinaire, de la colonie esclavagiste de Guadeloupe à Versailles et aux armées de la Révolution et la multiplicité de ses talents musicaux et sportifs, expliquent qu’il est régulièrement redécouvert par les créateurs. Dès les années 1840, l’auteur Roger de Beauvoir lui consacre une saga « à la Alexandre Dumas », intitulée « Le Chevalier de Saint-Georges » et plusieurs fois rééditée au cours du 19ème siècle. Après une longue éclipse au 20ème siècle, sa figure inspire de nouveau romanciers et cinéastes depuis deux décennies : Daniel Picouly lui consacre un roman en 2003 (La treizieme mort du chevalier), Claude Ribbe une biographie en 2004, une rue de Paris est inaugurée à son nom en 2013, et en 2014 il est le héros de la pièce Même les Chevaliers tombent dans l’oubli de Gustave Akakpo.  En 2023, il est l’objet d’un biopic américain produit par Disney, Chevalier, réalisé par Stephen Williams, dans lequel il est interprété par Kelvin Harrison Jr. Le film retrace de façon très largement romancée sa vie dans les salons de l’Ancien Régime. 

Sa musique a également été redécouverte : Renaud Capuçon lui a consacré une partie de son album de 2022 dans lequel il associe les Concertos n°1 et n°9 de Saint-George aux Quatre Saisons de Vivaldi. Pap Ndiaye et Constance Rivière, dans leur « Rapport sur la diversité à l’Opéra National de Paris » de janvier 2021 réalisé à la demande de l’Opéra de Paris, rappellent le lien qui avait failli se nouer entre Saint-George et l’institution, et proposent d’enrichir son répertoire en y faisant entrer la musique longtemps oubliée du Chevalier, premier afro-descendant compositeur de musique en Europe. 

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