Danyèl Waro, l’ambassadeur du maloya, est un chanteur en créole réunionnais.

Né le 10 mai 1955 au Tampon à l’île de la Réunion, Danyèl Waro est un musicien, poète engagé et fabricant d’instrument qui depuis près de cinquante ans promeut à travers le monde le maloya, un genre musical réunionnais hérité de l’esclavage.

Quatrième d’une famille de cinq enfants, Danyèl Waro (selon la graphie créole qu’il a adoptée pour orthographier son nom) est né Daniel Hoarau dans une famille modeste, dans une maison qui n’a ni eau courante ni électricité. Son père était travailleur agricole, militant communiste, dur à la tâche. Le jeune Danyèl passe son enfance entre l’école, les travaux des champs et les manifestations du Parti communiste réunionnais (PCR). La seule musique est le séga local et la variété française de la radio.

A quinze ans, l’anarchisme de Brassens le séduit, qu’il découvre grâce aux disques de sa sœur. Puis c’est la découverte du maloya, grâce au pionnier Firmin Viry lors d’un concert organisé par le PCR et dont il va devenir l’apprenti. Lui, le « petit blanc des hauts », il décide d’adopter ce blues de l’océan indien aux racines africaines et malgaches. Longtemps méprisé car rattaché aux Cafres (Noirs descendant des esclaves africains) et associé aux "servis kabar", cérémonies religieuses secrètes aux ancêtres condamnées par l’église, il est ensuite combattu par les autorités lorsque le PCR en fera un symbole de ses revendications sociales, identitaires et autonomistes.

La jeunesse de Danyèl Waro est une suite de révoltes : il échoue au bac après avoir été meneur de grève en Terminale, puis fait deux ans de prison pour insoumission après avoir refusé de porter l’uniforme durant son service militaire dans l’hexagone en raison de ses positions antimilitaristes. C’est là qu’il écrit ses premiers textes en créole, publiés en 1979 sous le titre de Romans ékri dan la zol an frans (Roman écrit en prison en France). De retour à La Réunion, il se lance dans une carrière de musicien avec la Troup Flanboiyan aux côtés de son frère Gaston.

Rebelle toujours, il prend peu à peu des distances avec le PCR, tout en continuant à professer des opinions autonomistes et antimilitaristes, et à parfaire sa pratique du maloya. Il joue avec Zisakakan, le groupe de Gilbert Pounia, formation majeure du renouveau du genre, ainsi qu’avec Lo Rwa Kaf, doyen du maloya (disparu en 2004 à 82 ans), et s’immerge tout entier dans cette culture qui est toute sa vie : « Pour moi Maloya, tu es la fleur qui m'a manquée quand j'étais petit », dira-t-il dans l’une de ses chansons.

Devenu lui-même une des grandes voix de la scène réunionnaise, ainsi qu’un des meilleurs luthiers d’instruments traditionnels de l’île de La Réunion, il poursuit une carrière locale et internationale qui le mènera aussi bien dans l’hexagone lors de festivals qu’à l’étranger, en tournée en Europe, au Japon, en Inde ou au Mozambique.

Très engagé dans le combat pour la pratique et la reconnaissance du créole à La Réunion, il chante les luttes, les cultures et le métissage de la société réunionnaise. En 1994, son deuxième album intitulé Batarsité est un manifeste pour le mélange des cultures africaines, malgaches, indiennes et européennes dans le creuset de La Réunion. Il n’abandonne pas toutefois son engagement politique puisqu’en 1998, il est candidat sur la liste Nasyon rényoné dobout qui prône une plus grande place pour la langue créole.

En 2008, il se produit avec le groupe de polyphonies corse A Filleta lors de la 20ème édition des Rencontres des chants polyphoniques. Deux ans plus tard, en 2010, il reçoit le Grand Prix de l’Académie Charles-Cros qui le récompense tant pour ses talents de musiciens que pour son engagement pour faire connaître à travers le monde le Maloya, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2009.

En 2020, son dernier album est nommé aux Victoires du jazz dans la catégorie des musiques du monde.