Claire, symbole du marronnage en Guyane au 18ème siècle.
Colonisée par la France au 17ème siècle, la Guyane voit se développer la traite et l’esclavage de plantation dès la fin du siècle. Et dès cette époque, les colons se plaignent du marronnage des esclaves, c’est-à-dire la fuite pour une courte période (petit marronnage) ou pour toujours (grand marronnage). Aidées par l’environnement amazonien, les populations réduites en esclavage en Guyane et au Suriname voisin constituent de véritables contre-sociétés au cœur de la forêt.
C’est le cas de la communauté de la Montagne-Plomb, installée dans cette partie de la Guyane française à partir de 1742 et où vivait Claire avec son compagnon Copéna. Placée sous le commandement du marron Augustin puis du marron André, la communauté résiste plusieurs fois aux assauts des soldats français, alliés aux Amérindiens.
En 1752, Claire et Copéna sont capturés. Multirécidiviste du marronnage, Copéna est condamné au supplice de la roue, et roué en place publique à Cayenne. Claire est quant à elle pendue et étranglée, sous les yeux de ses enfants. Pour l’ordre colonial, il fallait faire des exemples spectaculaires pour dissuader les tentatives de fuite. Mais, malgré les châtiments du Code Noir, malgré les exécutions spectaculaires, malgré les risques, jamais le marronnage ne s’arrêta.
Par son choix de fuir, par sa vie loin des plantations, par sa fin fidèle à la future devise de la Révolution « Vivre libre ou mourir », Claire incarne, avec les nombreuses femmes qui se trouvaient dans les camps de marrons dont l’histoire a conservé la trace, la liberté elle-même.
Le système esclavagiste, lui, restera en vigueur jusqu’en 1848 en Guyane, interrompu seulement pendant 9 ans sous la Première République, jusqu’à ce que, après la décision de Napoléon de rétablir l’esclavage en 1802, ses envoyés le réinstituent progressivement dans la colonie entre 1802 et 1803.