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PAYS MÊLÉ
©Pauline et Mathilde Bonnet "Nouvelle adresse"
18:00
Conseil Régional de Guadeloupe

Le fil conducteur de la Nuit Blanche Guadeloupe s'inspire de la pensée de Maryse Condé, puisque la saison culturelle 2024 de la Région Guadeloupe lui est consacrée. Ainsi, les propositions artistiques et expositions se déclinent autour du titre évocateur du recueil de nouvelles de Maryse Condé : Pays mêlé.
Pays Mêlé, c’est l’histoire d’une blessure collective et intime : le crime originel qu’a été la mise en esclavage de peuples par un autre. Et comment cette blessure originelle a laissé son empreinte sur l’île, ses habitants, et leurs destins.
Tout dans le récit de Maryse Condé est marqué de cette empreinte : les rapports entre les différentes classes de la population, entre femmes et hommes, entre enfants et parents. Comme une malédiction qui se poursuit de génération en génération, Pays Mêlé nous parle d’une empreinte de douleur : amours contrariées, filiations heurtées, enfances écourtées, violence, exil et exclusion. Une empreinte qui salit aussi notre perception de l’ancien colonisateur, entre attraction et rejet, entre dégoût et désir.
Une empreinte qui fait partie de nous à jamais.
En créole guadeloupéen, l'expression “Nou mélé kon sann et farin” (“Nous sommes emmêlés comme la cendre et la farine”) signifie que nous sommes dans une situation inextricable, c'est souvent le sentiment des Guadeloupéens qui subissent de plein fouet certains problèmes structurels tels que le chômage, la fuite des cerveaux, l'accentuation des phénomènes naturels (cyclone, sargas, sécheresse...) dûe au réchauffement climatique, les inégalités économiques. Autant de problématiques qui font que l'on entend souvent “Nou mélé” et autant de solutions, d'innovation produite par un peuple qui a fait du “bigidi mé pa tonbé” (“Trébuche, mais ne tombe pas” en créole guadeloupéen) un véritable art de vivre.
Mais Pays Mêlé, c’est aussi une histoire de résilience. Un nouveau processus est à l’œuvre, pour se réinventer, recommencer, et transformer l’empreinte douloureuse en un nouvel héritage à transmettre aux générations futures. Pour leur permettre, peut-être, de guérir ?
Une résilience qui nous ramène au questionnement que Maryse Condé nous lègue :
“Il y a trois questions qu'un homme digne de ce nom doit se poser : d'où est-ce que je viens ?
qu'est-ce que je fais sur cette terre ?
où est-ce que je vais ?”
Extrait de “L'évangile du Nouveau Monde”, Maryse Condé

48.8757494, 2.3419968