Entendre la voix des personnes en esclavage dans les institutions patrimoniales est un atelier professionnel co-organisé par la Fondation pour la mémoire de l'esclavage et le Musée d'histoire de Nantes les 18 et 19 septembre 2023 au Château des Ducs de Bretagne visant à éclairer les enjeux liés à la valorisation patrimoniale de l'histoire et la mémoire de l'esclavage et à outiller les participants à y répondre. L'atelier s’adresse aux membres du réseau Patrimoines Déchaînés et à tous les professionnels des musées, bibliothèques ou services d’archives intéressés.
Comment présenter l’esclavage et les combats pour s’en libérer ? Comment rendre visibles des millions de personnes longtemps restées dans l’anonymat, renvoyées au silence, au mieux dans leur statut de victimes lorsque les collections et les sources sont anonymes, lacunaires, dispersées ? Des récits personnels peuvent-ils révéler la complexité de l’esclavage et ses conséquences, et lier le système économique global à la réalité quotidienne faite de résistances et d’adaptation ? Une part « d’absence » documentaire dans l’écriture du récit peut-elle être « fictionnée » ? Comment aborder dans l’exposition et la médiation culturelle une histoire de plusieurs siècles et saisir l’actualité des questions humaines qu’elle pose ?
Sur une journée et demie, les participants et intervenants élaboreront en commun, dans des ateliers pratiques, les façons d’y répondre concrètement dans des projets d’exposition et de médiation culturelle en plaçant le récit au cœur de la transmission, pour reconstruire une histoire nationale plus représentative, donnant voix au chapitre aux opprimés de l'esclavage.
Il s’agira de poser les repères de connaissance, de questionner les limites éthiques, et d’imaginer concrètement la conception et la mise en œuvre de récits à partir de fragments et trajectoires de vie pour comprendre l’esclavage dans ses différentes dimensions sociales, politique et d’expérience vécue.
En établissant une critique de l’approche descriptive qui a longtemps prévalu en France, et en se penchant sur les opportunités et les risques générés par l’usage de techniques narratives et par l’offre technologique actuelle, en s’inspirant d’exemples récents et avec l’appui des recherches historiques récentes, l’atelier Entendre la voix des personnes en esclavage dans les institutions patrimoniales s’inscrit dans une perspective ouverte du traitement au musée des « questions vives » que sont le racisme, les génocides et les crimes contre l’humanité.