En bref
Situé dans la Plaine du Cul-de-Sac, non loin de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, le Musée du Parc Historique de la Canne à Sucre est une maison-musée historique qui retrace l'histoire douloureuse de l'esclavage et de l'occupation américaine en Haïti sur fond d'exploitation agricole. Le Parc en lui même s'étend sur plus de 10 000 mètres carrés dans le département de l’ouest d’Haïti.
Historique
L'actuelle Haïti est d'abord colonisée par les Espagnols, menés par Christophe Colomb, en 1492. Déjà alors, le paysage de l'île se transforme pour répondre à l'économie de plantation des cultures de café, canne à sucre, indigo ou encore coton. Les autochtones natifs disparaissent progressivement de leurs terres d'origine, entraînant la traite et l'esclavage moderne dans la Caraïbe avec l'arrivée des captifs africains pour remplacer la précédente main d’œuvre servile.
Cédée à la France en 1697, l'île est rebaptisée Saint-Domingue. A la fin de XVIIIème siècle, il s'agit alors de la colonie la plus peuplée, la plus riche et la plus prospère produisant les trois quarts du sucre et les deux tiers du café mondial. De nombreuses familles françaises bâtissent alors leurs fortunes sur le commerce triangulaire ou le commerce en droiture. L'exploitation des personnes réduites en esclavage en est particulièrement sévère, dans d'atroces conditions.
Après des années de luttes, de révoltes et d'insurrections, incarnées notamment à travers les figures de Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines face à l'Empire colonial et à Napoléon, l'indépendance de la République d'Haïti est proclamée le 1er janvier 1804.
Au lendemain de la naissance de la Nation, les habitations déclinent progressivement et leur valorisation devient une préoccupation mémorielle nationale. Bien qu'elles soient nombreuses et constituant un héritage remarquable et symbolique de l'histoire et de la mémoire collective haïtienne, ces patrimoines matériels sont mal connus, mal perçus, et plusieurs cas sont alors délaissés, dégradés, voire abandonnés.
Mémoire
Ce n'est pas le cas du site de cette ancienne plantation. Ce lieu de mémoire et d’histoire est le fruit d’un noble projet de la famille Auguste. En faisant, au début du XXème siècle, l’acquisition du terrain abritant les installations coloniales de Chateaublond, les Auguste ont voulu le valoriser de manière à contribuer à la préservation de la mémoire collective.
Grâce aux objets témoins de l’époque coloniale et du vécu des esclaves sur les habitations sucrières, le parc offre au visiteur une balade à travers l’histoire. Il abrite un musée dans l'ancienne maison de maître et autres édifices de la plantation, et propose des visites guidées de ses collections en plein air et en salles.
La salle de Tancrède Auguste, du nom d’un ancien président d’Haïti (8 août 1912 – 3 mai 1913) se rapporte surtout à la canne à sucre et à l’époque coloniale. Elle met en relief des faits relatifs à la traite, à l’esclavage, aux habitations sucrières du temps de la colonie, à la guerre et aux héros de l’indépendance d’Haïti. La salle Françoise Canez et Ralph Auguste présente les collections familiales. La salle afro-caribéenne présente des objets caribéens pré-coloniaux qui fournissent des renseignements considérables sur la vie des peuples Tainos et Arawaks avant l’arrivée des Espagnols en 1492.
Les pavillons extérieurs mettent en valeur divers types d'usines sucrières reconstitués, des vestiges d’instruments aratoires utilisés sur les plantations de canne à sucre et dans les manufactures de fabrication du sucre ; des chaudières, des barriques ainsi qu’une étuve, un aqueduc et un train.
Le parc historique de la Canne à Sucre est ainsi légitime pour accueillir la mémoire et l'identité de la société haïtienne, fondée sur un passé d'esclavage dont la population a su se libérer. Au-delà de raconter cette histoire, le parc est aussi le support de commémoration et du développement d'un tourisme culturel à Haïti.
Source d'information
- FME
- Site web de l'ICOM International Commitee for Historic House Museums
- Jerry, Michel, “Les enjeux de la patrimonialisation du parc historique de la canne-à-sucre en Haïti”, Articulo - Journal of Urban Research, 2014.