En bref
Situé au sommet d'un éperon rocheux à mille mètres d'altitude, le château de Joux, doté d'une impressionnante fortification conçue par Vauban sur un site médiéval, a été la prison de Toussaint Louverture, qui y décède le 7 avril 1803, dans l'isolement et des conditions matérielles extrêmes. sur ce site, en cours de restauration pour en faire un musée d'histoire militaire et un lieu de mémoire sur la Révolution haïtienne, on peut visiter la cellule du général en chef exilé par Napoléon Bonaparte.
Historique
Le site fortifié, situé idéalement pour commander le passage vers la Suisse, existe depuis le Haut Moyen-Age. Témoin de nombreux conflits territoriaux jusqu'à l'intégration de la Franche-Comté au Royaume de France par le traité de Nimègue, les fortifications sont entièrement repensées et développées par Vauban à la fin du XVIIe siècle. A la fin du XVIIIème siècle, il sert déjà de prison (mais dans des conditions très aménagées) à Mirabeau (1775).
En 1802, Toussaint Louverture est emprisonné sur ordre de Bonaparte dans ce fort transformé en prison d'Etat, où avait aussi séjourné Mirabeau, dans des conditions bien plus favorables. En prison, Toussaint est soumis à un régime sévère, isolé de sa famille, sans possibilité de sortir de sa cellule. Des briques en obstruaient même l'unique fenêtre, ne laissant qu'un petit espace pour la lumière du jour. Ces précautions empêcheront son évasion. Malade, Toussaint Louverture meurt dans sa cellule, le 7 avril 1803, cinq mois après son arrivée.
Toussaint n'a pas été le seul chef militaire de Saint-Domingue enfermé, puisque le général Rigaud, chef de la résistance à l'expédition Leclerc dans le Sud, y séjournera également, mais pour une courte durée.
Haut lieu d’histoire et d’architecture militaire, le château de Joux, classé monument historique depuis 1996, est un monument emblématique de la Franche-Comté. Le projet de restauration et de valorisation patrimoniale permettra de restituer toutes les dimensions historiques du site, notamment en évoquant l'histoire de la Révolution haïtienne, dans des murs où fut emprisonné Toussaint Louverture.
Dès 1901, une plaque commémorative est apposée, puis en 1954, un mémorial est également érigé sur le versant est du Fort de Joux à l'initiative de l'Etat haïtien. En 2003, d'importantes célébrations marquent le bicentenaire de la mort de Louverture.
En 2014, une nouvelle plaque commémorative a été apposée dans la cellule de Toussaint Louverture, sous un buste à son effigie, offert par la République d'Haïti.
Mémoire
Le Fort de Joux accueille chaque année maintenant la commémoration de la traite, l'esclavage et leurs abolitions, à l'occasion de la journée nationale des mémoires, le 10 mai, mais aussi des cérémonies à l'initiative de la communauté haïtienne en France lors des jours anniversaires de la mort de Toussaint Louverture (7 avril), ou de l'insurrection du Cap (23 août).
Le château de Joux fait partie du circuit mémoriel de la Route des abolitions, association réunissant les communes de l'Est de la France. Il fait également partie du projet UNESCO Les Routes des personnes mises en esclavage qui s’attèle à recenser et à faire connaître à travers le monde les sites et lieux de mémoire liés à l’histoire de l’esclavage, à l'international.
Plaque commémorative
Citation de Toussaint sous son buste, dans le fort :
"En me renversant on n'a abattu à Saint Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté des Noirs, il repoussera par les racines, parce qu'elles sont profondes et nombreuses."
Toussaint Louverture
Inscription du Mémorial sur le versant Est :
"Toussaint Louverture 1748-1803
Promoteur de l’abolition de l’esclavage et des principes de la Révolution française en Amérique latine.
Mort au Fort de Joux le 7 avril 1803
Hommage de Léon Arthaud Ambassadeur d’Haïti.
Jean-Paul Damaggio"
Plaque située à proximité de la cellule de Toussaint :
"Au nom du Peuple haïtien, en hommage au Général François Dominique Toussaint Louverture né le 0 mai 1743 sur l''habitation Bréda, à Saint Domingue, grand défenseur des idées et idéaux de la Révolution de 1789, précurseur de l'Indépendance nationale de 1804, mort dans ce cachot du Fort de Joux, le 7 avril 1803.
La Patrie reconnaissante
Le samedi 1er novembre 2014
Michel Joseph MARTELLY
Président de la République d'Haïti"
Source d'information
- Site web du Château de Joux
- Site web de l'UNESCO