France

En bref

Le mémorial Cap 110 de Laurent Valère, situé Anse Caffard, en Martinique, fut édifié en 1998, sur le territoire et à l’initiative de la ville du Diamant, à l’occasion du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Le concepteur, Laurent Valère, est un artiste martiniquais né en 1959.

Créateur de l'œuvre Laurent Valère

Historique

Le site a été choisi en hommage aux victimes du dernier naufrage de navire négrier de l’histoire de la Martinique. Aux abords de l’Anse Caffard, du nom du colon Jean Caffard, un navire transportant des esclaves s’échoua en pleine tempête sur les rochers de la côte la nuit du 8 avril 1830, alors que la traite avait été déclarée illégale. Le bateau fut entièrement détruit, son nom et sa nationalité jamais établis. Sur près de 300 individus, il y eut 86 rescapés : 46 cadavres furent repêchés, dont les corps furent inhumés au cimetière.

L’œuvre déposée à même le sol forme un ensemble de quinze bustes de personnages affligés, présentés de manière serrée, en triangle, en évocation au commerce triangulaire. Construites en béton armé et blanchies au sable de Trinité-et-Tobago, chacune des statues pèse quatre tonnes pour une hauteur de 2,50 mètres. Elles sont orientées au Cap 110 (Est-Sud-Est), en direction de l’Afrique et du golfe de Guinée, d’où viendrait vraisemblablement le navire. Toutes présentent un même visage penché dans le même sens, accablé, les yeux baissés vers la terre et la mer. Elles figurent la foule des victimes anonymes de la traite.

Mémoire

Le Cap 110 Mémorial est depuis devenu l'un des lieux les plus visités de Martinique, notamment dans le cadre du tourisme mémoriel.

Il accueille aussi régulièrement des cérémonies et manifestations culturelles qui en font un véritable lieu de vie. Parmi elles, la cérémonie du 22 mai, date commémorative de l'abolition de l'esclavage en Martinique, qui s'y déroule sous l'organisation de la ville du Diamant et de l'association AJAC (Association des Jeunes de l'Anse-Cafard). Au programme sont généralement prévus une marche au flambeau avec tambours, aux côtés de souffleurs de conques de lambi et lutteurs de Danmyé. 

L'ensemble des quinze corps expose un sentiment nostalgique : Laurent Valère souhaite donc rendre hommage aux personnes mises en esclavage, en particulier aux captifs naufragés, ainsi qu'à leurs descendants en légitimant la peine profonde qu'ils ont subie.

Source d'information

  • FME
  • Site web du CNMHE
  • Lalouette, Jacqueline. Les statues de la discorde. Passés composés / Humensis. 2021.
  • Béral, Béatrice. Les œuvres monumentales en Martinique autour de l'esclavage. Université Antilles Guyane, 2011.

Situation

14.464226352526, -61.046647314438