Reine Njinga de Ndongo et de Matamba
La Reine Njinga est un symbole de lutte anticoloniale au 17ème siècle. A la tête du royaume de Ndongo et du royaume de Matamba (dans l’actuel Angola) elle se dressa contre les ambitions colonialistes portugaises sur les côtes sud-africaines, un territoire stratégique dans la traite des esclaves.
Njinga naît vers 1582 sur les côtes de l’Angola, dans la famille royale de Ndongo. Dès son plus jeune âge elle reçoit une formation militaire et politique. Elle apprend le portugais et devient négociatrice auprès des commerçants européens qui fréquentent cette région depuis déjà plusieurs décennies.
Son frère Ngola Mbandi accède au pouvoir en 1617, à la mort de leur père. Il évince alors de nombreux rivaux prétendant au trône. Njinga est épargnée mais son fils est exécuté et elle est stérilisée de force. Face à la menace portugaise en 1621, elle est nommée ambassadrice pour négocier une pacification dans les relations diplomatiques entre le royaume Ndongo et le Portugal. Elle parvient à faire signer un traité de paix entre les deux parties. Mais la trêve ne tient pas et les hostilités reprennent rapidement.
Lorsque son frère meurt en 1624, elle fait assassiner le prince héritier, son neveu, et devient reine à l’âge de 43 ans. Pendant près de quarante ans de règne, elle mène son armée d’hommes et de femmes d’une main de fer contre l’envahisseur portugais, guerrière implacable et négociatrice avisée entre les différentes puissances africaines et européennes qui l’entourent. Dans une région où les formes traditionnelles d’esclavage (domestique et lié aux prises de guerre) sont une réalité omniprésente, son action entrave le développement des activités de traite conduites par les Portugais sur la côte atlantique.
Entre 1631 et 1635, Njinga envahit le royaume voisin de Matamba en capturant la reine Mwongo Matamba. Elle colonise ce nouveau territoire et y développe la traite d’esclaves en vue de financer la guerre qui continue dans son autre royaume. Après 25 ans de guerre, la paix est signée avec le Portugal, notamment grâce à sa reconversion au christianisme, qu’elle avait déjà embrassé à l’occasion des négociations de paix qu’elle avait menées en 1622, avant de l’abandonner un temps pour rallier à sa cause les puissants Imbangala aux rites d’initiation particulièrement violents. Ce retour vers l’Église catholique lui permet notamment d’obtenir la reconnaissance de son royaume par le pape Alexandre VII. Elle meurt de vieillesse en 1663.
Dans les écrits occidentaux, Njinga est pendant longtemps décrite au prisme des stéréotypes misogynes et colonialistes. Les textes du biographe Cavazzi au XVIIe siècle alimentent l’image d’une reine cannibale au « pouvoir démoniaque ». Le roman Zingha reine d’Angola. Histoire africaine de Castilhon paru en 1769 aborde les relations entre sexe et pouvoir qu’elle incarne, illustrant d’après Catherine Gallouët « une association du désir de conquête territoriale au désir de conquête du féminin qui marque les représentations coloniales ».
Aujourd’hui la reine Njinga, « Mère de l’Angola », incarne dans le monde un modèle de résistance et d’indépendance aux premiers temps de la colonisation européenne en Afrique. Pendant la guerre d'indépendance angolaise au milieu du XXe siècle, Njinga est revendiquée comme un étendard de la résistance contre le Portugal. Le 23 décembre 2014, la Banque nationale de réserve d'Angola (BNA) a émis une pièce de 20 Kwanza en hommage à Njinga « en reconnaissance de son rôle dans la défense de l'autodétermination et de l'identité culturelle de son peuple ».
Sources d'informations
- https://en.unesco.org/womeninafrica/njinga-mbandi/biography
- https://www.liberation.fr/planete/2018/07/18/nzinga-mbandi-une-reine-a-l-arene_1667352/
- https://www.editionsladecouverte.fr/njinga-9782707198952
- https://longreads.com/2019/10/03/queens-of-infamy-njinga/
- https://oxfordre.com/africanhistory/display/10.1093/acrefore/9780190277734.001.0001/acrefore-9780190277734-e-326;jsessionid=D2A50562BDE064195EA933CA8B644CF7
- https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2012-1-page-253.htm