Paul Vecchiali et Victor Schœlcher

Décédé le 18 janvier 2023, le réalisateur français Paul Vecchiali était l’un des metteurs en scène les plus actifs de sa génération. Parmi sa très riche filmographie, un film historique étonne par son sujet : réalisé en 1998, Victor Schœlcher, l’abolition est une commande du gouvernement français pour le 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage.


Pour mener à bien le projet, Paul Vecchiali opte pour l’adaptation du Combat de Schœlcher (Fasquelle, 1948), un essai du poète et écrivain martiniquais Raphaël Tardon. Construit en huis clos, la quasi-intégralité du film se déroule dans les salons de l’Hôtel de Ville de Paris alors que les rues de la capitale sont encore agitées par la chute de Louis-Philippe. Le réalisateur se joue de l’Histoire en imaginant qu’au cours d’une seule nuit Schoelcher obtient du gouvernement provisoire la proclamation immédiate et sans condition de l’abolition de l’esclavage. Défile tout au long du film des personnages historiques : Lamartine, Arago, Musset ou encore Alexandre Dumas (joué par un acteur blanc, Jean-Claude Drouot !). Le film ne compte qu’un acteur noir, le futur ministre québécois Maka Kotto, qui joue un ancien esclave montrant ses cicatrices aux participants pour figurer l’horreur de l’esclavage.


Malgré sa force, "Victor Schœlcher, l’abolition" porte les traces du temps, témoignage d’une certaine mémoire de l’abolition qui a fait de Schœlcher l’unique héros de l’abolition, en oubliant d’autres figures essentielles comme Cyrille Bissette qui deviendra bientôt le rival de Schœlcher ou, tout simplement, les esclaves eux-mêmes, dont le soulèvement en Martinique le 22 mai 1848 hâta l’abolition aux Antilles.

Série Esclavage & Cinéma