En bref
Elle est située dans la rue Saint-Germain, sur le côté Est de l’île et donne sur la mer.
Historique
Des études historiques montrent que la Maison des Esclaves n'a joué qu'un rôle mineur dans la traite des Noirs. Construite vers 1780 par Nicolas Pépin, frère de la signare Anne Pépin et maîtresse du Chevalier de Boufflers, elle demeure un lieu qui revêt une portée symbolique en tant qu'emblème de la traite négrière et premier lieu de mémoire de l'esclavage colonial en Afrique..
Le récit du « conservateur » Boubacar Joseph Ndiaye
Au fil des décennies, les récits du « conservateur » de la Maison des Esclaves, Boubacar Joseph Ndiaye, ont contribué à faire connaître ce lieu dans le monde entier. Cette maison aurait été la dernière esclaverie en date à Gorée. La première remonterait à 1536, construite par les Portugais, premiers Européens à fouler le sol de l'île en 1444.
Au rez-de-chaussée se trouvaient les cellules des esclaves qui sont catégorisées : hommes, enfants, chambre de pesage, jeunes filles, inaptes temporaires. Dans celles réservées aux hommes, faisant chacune 2,60 m sur 2,60 m, on mettait jusqu’à 15 à 20 personnes, assis le dos contre le mur, des chaînes les maintenant au cou et aux bras. L'effectif dans cette petite maison variait entre 150 à 200 esclaves. L'attente de départ durait parfois près de trois mois.
Un peu à l'écart, à droite du porche d'entrée, se trouve le bureau du maître des lieux, tapissé de documents et de citations humanistes, que l’on doit à Boubacar Joseph Ndiaye. On trouve également la célèbre exclamation de l'illustre érudit, écrivain et ethnologue malien Ahmadou Hampâté Bâ, dans son ardent plaidoyer pour préserver et recourir aux sources de la tradition orale : « En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle ! ».
La porte du voyage sans retour
La porte du « voyage sans retour » serait l’endroit où les esclaves embarquaient vers les colonies. Un large escalier à double flèche conduit à l'étage, qui sert surtout aujourd'hui de salle d'exposition.
Jusqu'à sa mort en février 2009, l'infatigable octogénaire Boubacar Joseph Ndiaye reprenait son récit, plusieurs fois par jour, bien déterminé à éveiller la conscience de son auditoire, et son message de compassion.
Mémoire
Gorée est inscrite sur l’inventaire des monuments historiques du Sénégal en 1975. En 1978, c'est l'UNESCO qui reconnait sa valeur universelle exceptionnelle en le classant sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité.
Toujours sous l’égide de l’UNESCO, un timbre français consacré à la Maison des Esclaves est émis en 1980.
De nombreux organismes - dont la fondation France Liberté, encadrés par l'UNESCO, soulèvent des fonds pour restaurer la Maison des Esclaves de Gorée en 1990.
Elle apparait alors comme un haut lieu de mémoire, qualifiée par l'ONU comme « centre historique du commerce triangulaire ». Emplie d'une symbolique profonde, la Maison des Esclaves en devient un pôle incontournable du tourisme mémoriel et du roots tourism : ouvert tous les jours hors lundis, le site accueille quotidiennement près de 500 visiteurs par jour.
En ce sens, elle fut naturellement sélectionnée pour le projet Les routes des personnes mises en esclavage, amorcé par l'UNESCO en 1994, visant à revaloriser et internationaliser l'histoire de l'esclavage, sa mémoire et ses héritages.
Source d'information
- FME
- Site web de l'UNESCO
- Site web du Ministère de la Culture et du Patrimoine Historique du Sénégal