France

En bref

La statue "Les Marrons de la liberté" figure sur un rond-point, au cœur de la ville de Rémire-Montjoly. Elle représente deux marrons, un homme et une femme, tous deux bras tendus vers le ciel. L'homme se défait de ses chaînes tandis que la femme porte une colombe dans ses mains.

Créateur de l'œuvre Lobie Cognac

Historique

L'œuvre commémorative est issue d'un appel à projet initié par la région Guyane, en 2006. Lobie Cognac, artiste peintre et sculpteur guyanais, est lauréat et donne ainsi vie à cette statue de bronze, haute de 5 mètres.
Elle est inaugurée le 10 juin 2008, à l'occasion de la commémoration locale de l'abolition de l'esclavage en Guyane.

Le monument est avant tout porteur d'un message de paix, comme l'indique l'oiseau tenu par la marronne. La statue célèbre la liberté, acquise par le combat de ces esclaves révoltés. 

Selon l'artiste, elle est essentielle à la fois pour visibiliser cette histoire de Guyane mais aussi pour construire une identité régionale fédératrice de la communauté guyanaise.
Les symboles sur le socle vont également dans ce sens, avec deux oiseaux en vol et des écritures en alphabet Afaka. Les éléments zoomorphes et anthropomorphe évoquent la présence amérindienne en hommage aux premières victimes de la société esclavagiste coloniale.

Le marronage

Le marronage est une forme de résistance des esclaves vis-à-vis de leur condition et de la brutalité des maîtres esclavagistes. Le marron est un esclave en fuite, qui quitte la plantation ou maison de maître pour regagner sa liberté : bien qu'il ne subisse plus les coups, le marron est amené à rencontrer des difficultés d'approvisionnement et de confort. De plus, l'esclave en fuite est souvent rechercher par son propriétaire ou peut faire l'objet de traque par des brigades. Des sociétés marronnes s'organisent dans les jungles ou dans les sommets afin de s'entraider et, parfois, mener des révoltes et insurrections contre les colons.

Mémoire

Le monument accueille régulièrement des cérémonies à l'occasion des commémorations nationales, locales, ou autres hommages. Elle fut notamment la scène de la commémoration de l'abolition de l'esclavage en Guyane, le 10 juin 2019, en présence de Christiane Taubira, députée auteure de la loi reconnaissant l'esclavage comme crime contre l'humanité en 2001, et Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage qui naîtra la même année.

La figure du marron est amplement utilisée dans l'iconographie des monuments à la mémoire de l'esclavage. Elle incarne en effet la lutte, la résistance, et la liberté obtenue à l'issue des différents combats. 

L'utilisation de cette nouvelle iconographie à partir de la fin des années 90 constitue un renversement dans la célébration de l'abolition de l'esclavage. Traditionnellement personnifiée par les hommes de la République tel que Victor Schoelcher, rédacteur du décret et particulièrement présent en Martinique, l'abolition devient associée au symbole du Nègre Marron, rendant alors la mémoire à toutes celles et ceux qui ont combattu pour leur propre liberté.

Source d'information

Situation

4.8874138, -52.285332046463