En bref
Historique
Révélé par l'érosion marine du cyclone Dean en 2007, le cimetière de l'Anse Bellay a fait l'objet de fouilles archéologiques par la suite. Celles-ci mettent au jour une trentaine de sépultures sur 20 mètres carrés : il s'agit d'inhumations simples, les individus étant placés sur le dos, enroulés dans un simple linceul et enterrés sans mobilier ou objets personnels. Ces individus sont de tout âge et des deux sexes ; l'analyse dentaire a souligné sur plusieurs individus des canines limées, taillées. De fait, ces individus seraient donc originaires d'Afrique, d'où viendrait cette pratique initiatique : ils auraient alors été déportés vers les Amériques comme esclaves.
Les archéologues concluent donc à un cimetière d'esclaves, d'époque coloniale.
La localisation du cimetière paraît étonnante au premier regard, puisqu'elle est éloignée des paroisses environnantes et des lieux de culte de l'époque et de leurs cimetières associés. Toutefois, l'Anse Bellay ne présente que peu d'intérêt pour la plantation coloniale, justifiant son utilisation comme site funéraire.
D'autres éléments ont été découverts en-dessous de ces tombes attestant d'une occupation précolombienne : notamment une sépulture avec un individu masculin retrouvé dans une position semi-assise, conformément aux pratiques funéraires amérindiennes.
Mémoire
Alors que les ossements avaient été transférés pour des études archéologiques, un collectif de riverains s'est rassemblé sous le nom de Kolektif Anse Bellay (KAB) en demandant, dès 2019, le retour de ces ossements sur le site funéraire, auprès du préfet.
Leur manifestation fut entendue puisque les ossements y retournèrent bel et bien et, une première stèle y fut ajoutée la même année, honorant la mémoire de ces esclaves.
En mars 2023, les corps ont été ré-inhumés dignement dans une « woch listwa » (une roche de l'histoire), une sépulture réalisée par Isambert Duriveau. L'inauguration de ce monument commémoratif s'est étendue sur toute la journée du 22 mars, durant laquelle le processus de fouilles depuis 2007 a été expliqué, avant un moment de recueillement en présence du KAB, du maire des Anses-d'Arlet, du directeur de la DAC et autres spécialistes, ainsi qu'un public d'une centaine de personnes.
Plaque commémorative
« Dinité, Lonnè, Respé pou yo
Dignité, honneur, respect pour eux. »
Source d'information
- Site web de l'INRAP
- Thomas Romon, « Les Anses-d’Arlet – Anse Bellay », ADLFI. Archéologie de la France - Informations, Espace Caraïbes, 27 janvier 2021.
- Julien Philipakis, « L'Anse Bellay, un haut lieu de mémoire et d'histoire de la Martinique », France-Antilles Martinique, 23 mars 2023.